AFP, publié le lundi 12 décembre 2022 à 18h46
Son lointain prédécesseur avait mis en évidence le phénomène El Niño en 1994 ; Le satellite franco-américain SWOT, dont le lancement est prévu jeudi, devrait contribuer à la compréhension du cycle de l’eau et de son impact sur le climat.
Pour l’agence spatiale française, le Cnes, et son homologue américain, la NASA, qui collaborent dans ce domaine depuis 30 ans, et le satellite Topex-Poséidon, il s’agit d’une mission « emblématique », rien qu’au regard de son budget d’un milliard de dollars. de dollars.
Cette coopération s’est affichée lors d’une visite du président français Emmanuel Macron au siège de la NASA à Washington le 30 novembre.
Le mastodonte de 2,2 tonnes sera lancé en orbite par une fusée SpaceX lancée depuis Vandenberg, en Californie.
Une fois dans l’espace, SWOT, pour Surface Water and Ocean Surveying, mesurera le niveau des eaux de surface des océans, mais aussi des lacs et des rivières.
Pour ce faire, le satellite est équipé d’un instrument révolutionnaire, un interféromètre large bande appelé KaRin : deux antennes radar, situées à une dizaine de mètres l’une de l’autre, balayent la surface de l’eau dans une bande de 120 km de large, fournissant un -image dimensionnelle. Le signal légèrement différent reçu par chacune des deux antennes permet de connaître le niveau d’eau.
Grâce à la distance entre les deux antennes et la stabilité du satellite, « nous aurons une résolution dix fois supérieure à celle produite par les technologies actuelles pour mesurer la hauteur des océans et comprendre comment les fronts et tourbillons océaniques influencent le climat », a-t-il ajouté. explique Karen St. Germain, directrice de l’observation de la Terre à la NASA.
« C’est comme regarder une plaque d’immatriculation depuis l’espace alors qu’avant on ne pouvait distinguer qu’une rue », explique Thierry Lafon, responsable du projet SWOT au Cnes.
L’enjeu est de taille : si l’impact sur le climat des grands courants océaniques comme le Gulf Stream est connu, les courants et tourbillons plus localisés, supérieurs à une dizaine de kilomètres, ne le sont pas. Or, ceux-ci affectent la température de surface de la mer, les transferts de chaleur, ainsi que l’absorption par l’océan du CO2 présent dans l’atmosphère, explique-t-il.
Cela aidera à mieux modéliser les conditions météorologiques et climatiques et à mieux observer l’érosion côtière et le changement climatique futurs.
Son orbite à 890 kilomètres d’altitude est « optimale car elle permet de discriminer toutes les composantes qui influent sur la hauteur de l’eau, comme les marées ou le soleil », selon lui.
SWOT a également un rôle hydrologique : il pourra suivre la hauteur, la surface et l’évolution de la quantité d’eau de plus de 20 millions de lacs d’au moins 250 mètres de côté. Et observez des rivières de plus de 100 mètres de large et calculez leur débit.
La gestion des ressources en eau et la prévention des inondations et des sécheresses seront améliorées, ajoute Thierry Lafon.
Acheminer le satellite vers Vandenberg depuis le site de Thales Alenia Space (TAS) à Cannes, où il a été assemblé, a été un casse-tête.
« Avec la guerre en Ukraine, il n’y avait plus d’avions de transport Antonov disponibles et ça ne rentrerait pas sur un Boeing 747 », explique Christophe Duplay, chef de projet TAS. Il a donc fallu faire confiance à la NASA pour que l’armée de l’air américaine détache l’un de leurs rares géants aéroportés C-5 Galaxy pour diffuser la merveille.
Au terme de sa durée de vie, prévue pour trois ans – « bien que rien n’empêche la mission de se poursuivre pendant cinq à huit ans » selon Thierry Lafon – SWOT sera le premier satellite à effectuer une rentrée contrôlée dans l’atmosphère pour combattre la prolifération des débris dans l’espace, dans le cadre de la loi française sur les opérations spatiales.
Près de 80 % des 400 kilos de carburant qu’elle transporte lui sont dédiés.