L’innovation est sur le terrain. Ce lundi 3 octobre, lors de la visite du secrétaire général aux Investissements sur le site INRAE de Bretenière, il a été question d’agroécologie et de légumes pour réduire l’empreinte environnementale du secteur agroalimentaire.
Plus habitué des écrans d’ordinateurs et des robots, Bruno Bonnell, secrétaire général de l’Investissement auprès du Premier ministre, a effectué une visite au top sur le site INRAE de Bretenière, en périphérie de Dijon, ce lundi 3 octobre 2022.
Au programme, des sujets d’innovation en agriculture et agroalimentaire pouvant potentiellement être financés par le plan France 2030 comme l’agroécologie, les protéines végétales ou encore la formation aux nouveaux équipements qui permettent de se passer des herbicides de synthèse.
Cette visite s’inscrivait dans le cadre d’un déplacement officiel en Bourgogne-Franche-Comté, les 3 et 4 octobre, sur des sujets d’innovation : agroécologie, agroalimentaire, santé et métallurgie à Dijon, puis hydrogène, nanotechnologies, robotique, biothérapie et décarbonation de l’industrie en Besançon.
Des jeux vidéos à la robotique
Pionnier du jeu vidéo en France, Bruno Bonnell, né en 1958, a participé à la création d’Infogrames en 1983 (devenu Atari en 2009 après le rachat de la célèbre marque américaine). En 2007, il rachète la société Robopolis, basée à Villeurbanne (Rhône), dans le but de développer la robotique de service.
Proche de Gérard Collomb, alors maire de Lyon et longtemps membre du Parti socialiste avant de suivre Emmanuel Macron en 2016, Bruno Bonnell a rejoint La République en marche en 2016 puis le Mouvement radical en 2019. Il a été député du Rhône de 2017 à 2019. 2022.
Depuis janvier 2022, il est secrétaire général à l’investissement, en charge de France 2030, poste placé sous l’autorité du Premier ministre, qui a succédé au commissaire général à l’investissement.
Expérimentation en agronomie à l’INRAE
Ce lundi matin, la première étape a été franchie sur le site expérimental de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) sur le territoire des Époisses à Bretenière. Le secrétaire général à l’Investissement est accueilli par le préfet Fabien Sudry, le maire Nicolas Schoutith (sans étiquette) et la présidente du site INRAE de Dijon Nathalie Munnier-Jolain.
Autour d’eux, une importante délégation d’élus, d’universitaires et de représentants de l’Éducation nationale, du monde agricole et du secteur agroalimentaire.
Au bout du champ, au pied d’une grande haie agrémentée de nouvelles plantations, Bruno Bonnell suit les explications sur le continuum recherche-formation-innovation appliqué aux systèmes agroécologiques.
Le domaine d’Époisses soutient notamment la plateforme expérimentale CA-SYS (Co-designed Agroecological System Experiment) dont le principe est « de concevoir des systèmes agricoles sans pesticides utilisant la diversité cultivée et sauvage comme moyen de production ». Des systèmes qui seront ensuite évalués pour établir leur faisabilité et leur performance.
«Agroécologie et technologie, ce n’est pas antinomique»
« L’expérimentation en agronomie se traite sur une longue durée, sur de grandes surfaces », précise Nathalie Munnier-Jolain, « il faut avoir une approche systémique ». « Ces systèmes sont sources d’innovation pour la profession agricole, cela nous permet de concevoir un système disruptif avec des risques qu’aucun agriculteur ne pourrait se permettre. »
« Agroécologie et technologie ne s’excluent pas, dit-il, cette expérimentation met en lumière des besoins spécifiques en matière de matériel agricole que nous n’avons pas trouvés même chez les fabricants de matériel agricole. »
Le travail des sols pour éviter les herbicides de synthèse
Les machines présentées – un rouleau faca, ou rouleau broyeur, une effeuilleuse et un prototype de faucheuse inter-rangs – sont utilisées pour le travail du sol afin de lutter contre les plantes indésirables sans recourir à des pesticides de synthèse comme le glyphosate.
Cette approche mécanique guidée par GPS est complétée par une agriculture de conservation des sols qui, du fait du couvert végétal annuel, a la vertu de stocker le carbone et de limiter l’érosion.
Liselore Martin, directrice de l’association Agronov, a donné un exemple concret d’innovation mécanique avec une chaîne continue, avec le projet FiloLema : « On travaille sur la luzerne et le trèfle rouge, qui sont récoltés avec des tiges et des feuilles, puis, il faut le faire .séparément pour avoir le meilleur aliment protéique pour le bétail.Enfin, avec l’innovation dans la machine, nous parvenons à faire une récolte fractionnée dans la parcelle de luzerne.Ensuite, avec l’Institut Agro Dijon, nous recherchons les meilleurs éléments de conservation pour l’alimentation des ruminants et des monogastriques ».
Augmenter la prédation des insectes auxiliaires de culture
En bordure de parcelle, une bande d’herbe, une bande fleurie et une haie pour « offrir un habitat et une ressource trophique à la biodiversité sauvage pour augmenter le service de prédation dans la parcelle », comme l’explique Pascal Marget, directeur de la place. des unités expérimentales, qui mentionnent notamment les coléoptères, insectes qui deviennent d’utiles « cultivateurs ».
Au domaine des Époisses qui comprend 120 hectares, les bandes enherbées représentent 7 hectares et les haies 4 hectares. Celles-ci ont été cofinancées par la Région Bourgogne-Franche-Comté.
«Les légumineuses et ferments au service de l’alimentation»
« Nous voulons montrer la force de notre site dans le domaine de la chaîne de valeur au service d’une alimentation durable », résume Nathalie Munnier-Jolain, s’adressant au visiteur du jour qui écoute attentivement après avoir pris place dans le hall d’Époisses.
La table ronde avec les acteurs de la recherche et de l’innovation s’intitule « Légumes et levures au service de l’alimentation : un continuum de création de valeur de l’académie aux entreprises », met en lumière les instruments financés par France 30 et le programme d’investissements d’avenir (PIA).
Le projet HARMI vise à mieux comprendre les microbes et leurs interactions afin d’innover.
Le pôle de compétitivité Vitagora contribue à la création de nouvelles variétés de pois pour favoriser la consommation de protéines végétales.
L’Atelier sarrasin produit du sarrasin en Bourgogne-Franche-Comté (mais décortiqué en Lituanie) pour apporter de la diversité à l’alimentation des Français. A ce jour, 80% du sarrasin consommé en France provient de l’étranger dont la moitié provient de Russie et d’Ukraine. L’entreprise réalise un projet de transfert de pelure.
« Le domaine de la fermentation est une opportunité pour nous », indique Jean-François Honoré, PDG d’Eurogerm, qui veut « investir dans les ferments du futur ».
Laurent Occhini, PDG de l’ARDPI, propose les outils pour « renforcer la souveraineté dans le domaine de la fermentation ».
Basée à Aiserey, Cérélab est une filiale de Dijon Céréales spécialisée dans l’analyse des matières premières agricoles, elle développe aujourd’hui des produits alimentaires intégrés aux légumineuses avec peu ou moins d’amertume que les produits habituellement connus.
Directeur de l’Institut Agro Dijon, François Roche-Bruyn précise que l’école d’ingénieurs agronomes a augmenté « de 50% ses effectifs depuis 2015, ouvrant de nouveaux formats de cursus comme l’apprenti ou les professeurs de post-bac ».
Au niveau de la Métropole de Dijon, Philippe Lemanceau (PS), vice-président en charge de la stratégie alimentaire, ambitionne de « montrer que la transition alimentaire est possible » et de « faire en sorte que l’on puisse manger mieux, partagé par tous ». « . Pour cela, « nous voulons remplacer une partie des protéines animales par des protéines végétales », ajoute-t-il, « ces légumineuses sont favorables à la transition agroécologique avec une empreinte environnementale moindre ».
Dans le PIA 3, la Métropole de Dijon a reçu une subvention de 30 millions d’euros. Son usine de légumes sera opérationnelle au printemps pour « relocaliser la production de légumes de qualité pour la mettre à disposition de la restauration scolaire ».
«Former un million de personnes aux compétences de demain»
« Les légumes et les ferments sont au cœur de la stratégie France 2030 », réagit le secrétaire général aux Investissements, évoquant la prochaine nouvelle vague d’appels à projets.
Enfin, devant ces projets qui pourraient créer de nouveaux emplois, Bruno Bonnell rappelle que le plan France 2030 mobilise notamment « 3 milliards d’euros pour former un million de personnes aux métiers de demain ».