Pensez-vous que le regard des gens sur l’homosexualité a changé ?
Oui, mais pas seulement celle des autres, la mienne aussi. Nous avons toujours des idées indésirables, même lorsque nous parlons de notre propre communauté. Si j’ai participé à changer les mentalités, c’est super. Je n’ai reçu aucun commentaire homophobe sur les réseaux sociaux, par exemple, car j’ai pris chaque commentaire à l’envers.
Pensez-vous que votre humour est militant ?
Si vous m’aviez posé la question il y a cinq ans, j’aurais catégoriquement refusé de qualifier mon humour de militant. Je ne voulais pas être porte-drapeau, engagé ou politique parce que ça me faisait peur. Mais en réalité, parler de questions comme la pression sociale ou la charge mentale, démêler les clichés autour de l’homosexualité pour la normaliser, c’est politique. Je pense que je veux participer à l’amélioration de la société. Diffusez des idées. C’est pourquoi il faut faire attention à l’humour. Sous couvert de blagues, les idées parviennent aux gens. Je pense qu’on peut être un comédien politique sans se fâcher. Il ne faut pas être conférencier non plus, je me base juste sur mes observations. Mon sketch sur la charge mentale, je me suis renseigné auprès de mes amis qui l’ont vécu.
L’humour a parfois été le terrain de l’auto-ségrégation et la norme. Le rire a-t-il ce devoir de s’ouvrir aux autres ?
Je pense que c’était le contraire. La plupart des gens qui font rire les gens viennent de minorités. J’ai parlé juste avant de Muriel Robin, mais Florence Foresti a aussi mis en lumière le quotidien de la mère célibataire. Je pense aussi à Jamel Debbouze. Je pense que les malheurs et les échecs sont un excellent terreau pour l’humour et le fait d’être issu d’une minorité permet d’y accéder facilement, sans être misérable. Il y a des frustrations, des choses à expliquer… Un sketch où je dis « ça va, je suis super content » n’aurait pas beaucoup d’intérêt.
Cinq ans plus tard, qu’est-ce donc qu’être remarquablement viril ?
C’est être qui tu veux, quand tu veux, avec qui tu veux, t’habiller comme tu veux, parler comme tu veux. Plus on est sensible, plus on est viril. La masculinité n’est pas un objectif à atteindre. Nous sommes plusieurs et il faut arrêter de se cataloguer.
Sensiblement viril d’Alex Ramirès, un spectacle mis en scène par Alexandra Bialy. On peut le voir le 8 octobre au Théâtre Femina de Bordeaux et le 13 octobre au Casino de Paris. Billets en vente ici.