A l’heure où la crise climatique nous oblige à repenser l’isolation des maisons, un bâtiment unique conçu en 2013 peut offrir des opportunités pour concevoir des maisons résistantes aux températures futures. Son secret ? Harmonie avec le soleil.
Dans le village de Cosswiller dans le Bas-Rhin, une maison se détache dans le paysage. Une toupie géante faite de verre et de bois appelée Heliodome. Cet espace de vie atypique est conçu pour embrasser les rayons du soleil et réduire au minimum son bilan thermique. Une innovation qui a permis à son inventeur, Éric Wasser, ébéniste et designer, de remporter le prix Lépine en 2003 avec ce concept.
L’étrange bâtiment possède une verrière de près de 160 m², exposée plein sud, haute de 10 mètres, inclinée vers le sol d’un côté, et une grande toiture de l’autre. Une inclinaison mesurée par la latitude du chantier pour profiter au maximum du soleil selon la trajectoire quotidienne et annuelle de l’astre. Ainsi, les rayons illuminent la verrière pour chauffer l’espace de vie en hiver, et en été, le soleil brille sur le toit du bâtiment par de petites fenêtres.
L’intérieur de la maison bénéficie de la lumière du jour tout en conservant la fraîcheur. « En hiver, l’Heliodom couvre jusqu’à 80% de la demande de chaleur, mais parfois j’ai un petit feu dans le four auxiliaire », explique Éric Wasser à l’AFP. Du fait de l’inertie de la structure et de son isolation en laine de bois mélangée à du liège, il n’y a pas besoin de radiateurs ni de climatisation.
L’intérieur du bâtiment dévoile un style épuré de 200 m² habitables sur trois étages (FREDERICK FLORIN / AFP)
Un appareil qui commence à séduire le public, cet ovni architectural est régulièrement visité par de nombreux visiteurs. « J’ai été séduit par la forme, l’architecte c’est le soleil ! » explique l’ébéniste suisse Herbert Lötscher, qui a fait construire l’Heliodome en Valais il y a quelques années. S’il reconnaît que le style futuriste de la structure peut rebuter les acheteurs, « lorsque quelqu’un propose une forme différente, il faut toujours un certain temps pour que les gens cliquent », admet-il.
Mais pour ses défenseurs, le bâtiment reste « l’une des meilleures réponses » à l’urgence climatique, renchérit le promoteur de l’Heliodome Rémi Mammosser. En ce moment, une dizaine de constructions similaires ont vu le jour en France, en Suisse et en Allemagne. Pour faciliter les projets d’envergure, il fallait rapidement « traduire scientifiquement » les propriétés thermiques de la maison pour prouver la solidité du projet aux plus réticents.
Ainsi, un ingénieur est chargé de concevoir les algorithmes de calcul, et un autre sera bientôt embauché pour répondre aux questions liées à la structure du bâtiment. Dans la ville de Savoie, trois maisons, une dizaine de gîtes, une salle de réception verront bientôt le jour, et un projet de construction de banque est également en discussion.
Une inclinaison calculée en fonction de la latitude du lieu pour profiter des changements de mouvements du soleil tout au long de l’année. (PATRICK HERTZOG/AFP)