Vingt pour cent 20% des troupes burundaises sont engagées dans ce type de mission.
La crise est aussi passée par là ! L’affaire est moins juteuse mais les autorités burundaises entendent continuer à « louer » les armes de leurs soldats aux missions de maintien de la paix déployées en Somalie (ATMIS – qui a succédé à la mission Amisom) et en République centrafricaine (Minusca). Μ
Au total, entre 5 000 et 5 400 militaires burundais sont envoyés sur ces deux fronts. Un chiffre qui représente la bagatelle de 20 % de la population active du pays, qui compte 25 000 hommes.
Pour les militaires burundais, même si la situation s’est détériorée au fil des années – baisse des budgets, rabotage des primes et paiement en francs burundais et plus en dollars américains – ces missions ont longtemps été synonymes de « bons retours » pour les hommes de la troupe qui ont vu leur salaire parfois multiplié par dix. De quoi motiver les militaires à se bousculer pour figurer sur la liste des « sélectionnés ».
« Évidemment, au Burundi, tout a un prix », explique un connaisseur du dossier. Pour faire partie des élus, il faut accepter de « dropper » une partie du salaire au « coach ». Dans ce rôle, le général Prime Niyongabo, chef d’état-major de l’armée burundaise.
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Au milieu des années 2010, le salaire mensuel était de 1 000 dollars dont le pouvoir prélevait 200 dollars. Avec 800 dollars, le militaire burundais était un privilégié qui pouvait contracter des emprunts, acheter une maison et même, parfois, investir dans des motos-taxis qui lui apporteront un complément de salaire.
Aujourd’hui, le marché est moins lucratif pour les militaires. Le salaire a d’abord été réduit à 800 dollars (« avec le même montant de 200 dollars pris par le chef d’état-major », explique un ancien militaire) avant, sur la base d’une décision de la banque nationale burundaise, cette mensualité est désormais versée en francs burundais, « ce qui représente environ une perte de 40% de revenus », poursuit-il.
Pour le cercle restreint du pouvoir, envoyer ces troupes dans ces missions est doublement bénéfique. D’abord parce que les « retenues » sur les salaires représentent au minimum un million de dollars par mois. Ensuite, parce qu’il garantit une certaine docilité du militaire burundais qui veut ce revenu. Une situation qui a enrichi les généraux et stabilisé leur pouvoir mais qui, aujourd’hui, n’est plus si évidente. Les militaires qui ont participé à plusieurs missions ont vu leurs avantages fondre, tandis que les crédits demeurent.
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N’hésitant pas à profiter de tous les revenus, le gouvernement burundais utilise aussi les sommes accordées pour un militaire tombé au front. En 2015, les familles d’un défunt ont reçu 50 000 $. Le pouvoir a alors pris 50% de la somme. « Aujourd’hui, les familles ne sont souvent pas informées du décès de l’un des leurs », explique l’ex-militaire qui raconte comment les militaires versent encore plus facilement au marché noir lors de leurs missions pour « compenser » la perte de revenus. « C’est ainsi que des djihadistes sont entrés dans une caserne en Somalie le 3 mai 2022, se faisant passer pour des acheteurs d’essence noire. Bilan, entre 60 et 120 morts dans des explosions. Pas de chiffres officiels. Le pouvoir est silencieux.