AFP, publié le jeudi 07 juillet 2022 à 13h09.
La médaille d’or du CNRS 2022, l’une des récompenses scientifiques les plus prestigieuses de France, a été décernée jeudi au chimiste Jean-Marie Tarascon, spécialiste des batteries et « pionnier du stockage électrochimique de l’énergie ».
Ses recherches « sont au cœur des défis scientifiques et des enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain : permettre le stockage de l’énergie en respectant les principes d’écoconception, de sécurité et de recyclage », a déclaré le PDG du CNRS, Antoine Petit, dans un communiqué.
A 68 ans, Jean-Marie Tarascon a travaillé pendant plus de 25 ans dans les laboratoires affiliés au CNRS et est aujourd’hui professeur au Collège de France. Il dirige également le réseau français sur l’énergie RS2E, qui réunit des acteurs industriels et académiques.
Le chercheur a commencé sa carrière aux Etats-Unis au début des années 1980 pour avoir « un autre environnement scientifique », explique-t-il à l’AFP. Il y a été recruté par Bellcore, une filiale de Bell dont dépendent les compagnies de téléphone du pays. Il fait des recherches sur la supraconductivité.
En 1989, le tremblement de terre de Loma Prieta a frappé la Californie. Les lignes téléphoniques classiques nécessitent alors une alimentation de secours, alimentée par des batteries plomb-acide, « prendre huit heures », précise le chimiste. Mais « il s’est avéré qu’au bout d’une heure il n’y avait plus de batterie. Nous avons remarqué qu’il y avait peu de recherches sur le sujet de la batterie ».
Jean-Marie Tarascon prend alors la tête du groupe de stockage d’énergie et se reconvertit dans l’électrochimie. Avec son équipe, il explore la voie « encore enfantine » des batteries au lithium et met au point les premières batteries extra-plates, plus souples et plus sûres : la batterie lithium-ion plastique « qui s’adapte plus facilement aux gadgets électroniques » et que l’on utilise aujourd’hui pour exemple pour les téléphones portables et bien d’autres objets, jusqu’à certaines voitures électriques, explique le chercheur.
Depuis son retour en France en 1995, il dirige notamment le laboratoire de réactivité et de chimie du solide à Amiens, et initie la création du réseau RS2E. C’est sous son impulsion que ce réseau a développé la batterie sodium-ion, utile pour stocker les énergies renouvelables.
« Il a moins d’autonomie que le lithium-ion mais est plus adapté au développement durable car il utilise du sel de sodium, beaucoup plus riche et plus facile à extraire que le lithium. Son avantage, c’est aussi sa force », argumente Jean-Marie Tarascon.
Ses recherches actuelles portent sur les batteries « plus intelligentes », avec des capteurs pour « suivre leur santé et leur vieillissement ». Car « demain tout autour de nous dépend des piles ».
Depuis 1954, la médaille d’or du CNRS, dotée de 50 000 euros, distingue chaque année « l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifique qui a apporté une contribution extraordinaire au dynamisme et au rayonnement de la recherche française ».
L’année dernière, le prix a couronné les travaux du physicien Jean Dalibard.