Posté le 6 décembre. 07:06, 2018, mis à jour le 7 décembre 2018 à 9:48, 2018
Appelés aussi « anges investisseurs », ces hommes et ces femmes, souvent mis en réseau, engagent volontairement une partie de leur patrimoine personnel au capital d’entreprises innovantes. En leur sein, ils espèrent voir ces start-up décoller, tout en leur permettant de réaliser une opération financière majeure. « Bien sûr, nous faisons tout pour obtenir le meilleur retour sur investissement, mais ce n’est pas notre principale motivation. Pour être un business angel, il faut avant tout avoir la passion d’entreprendre, et surtout, l’envie de faire avancer les technologies qui vont construire le monde ou la santé », reconnaît Alain Pujol, membre du conseil d’administration du réseau spécialisé Angels Santé. dédié aux sciences du vivant et aux nouvelles technologies appliquées à la santé.
Investir du temps
En effet, en plus de leur argent, il est aussi temps de mettre ces personnes à la disposition des entrepreneurs qui leur accordent leur confiance. « Nous offrons notre expertise, les aidons à monter en puissance et à poser les bonnes questions dans les comités stratégiques auxquels nous participons et élargissons notre réseau de contacts et de professionnels », explique Florence Richardson, coprésidente. réseau de Women Business Angels, le premier réseau de femmes Business Angels en Europe. Et cela, « sans jamais prendre le contrôle de la société », dit-il.
C’est vrai que c’est payant pour ces investisseurs, qui trouvent le moyen non seulement d’accompagner la création d’entreprises, mais aussi de diversifier leur stratégie patrimoniale, mais l’aventure n’est pas sans risques. Celles-ci sont plus élevées car les cartes d’investissement varient entre 10 000 et 200 000 euros. « Nous intervenons au démarrage de l’entreprise lorsque ses premiers besoins de financement sont importants et qu’il n’y a pas encore de réelle visibilité sur son développement », souligne Alain Pujol. D’où des bénéfices exceptionnels, même dans de rares rendez-vous. « A moins de tomber sur une vraie pépite, il n’y a aucune certitude de performance. En général, sur 100 entreprises accompagnées, 20 à 25 ne survivent pas aux cinq premières années, 65 à 70 survivent et 10 à 15 acceptent des sorties honorables en multipliant l’investissement initial par deux ou parfois par 20 », précise Tanguy de La Fouchardière. France Angels- Président d’Eco, fédération française de 75 réseaux de business angels représentant 5 000 investisseurs privés actifs.
Faible incitation fiscale
Autre point noir de cet investissement : sa liquidité. « En fait, il n’y a pas de marché secondaire qui vous permettra de vendre vos actions ou actions à tout moment. Pour récupérer votre argent, vous devez attendre une fenêtre de sortie, comme l’entrée d’un nouvel investisseur, la vente de l’entreprise ou même une introduction en bourse, dans un délai indépendant de notre volonté », note Florence Richardson.
Et, aujourd’hui, nul besoin d’attendre une incitation fiscale pour limiter ce risque. Exemple? Avec la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en IFI : quelles sont les dettes déductibles ?, la déduction fiscale sur l’ISF-PME, qui bénéficiait jusqu’alors aux angles des entreprises, a disparu. « Il y a quelques mois, ce dispositif aurait pu être un tampon contre les différents risques liés à ce type d’investissement, c’est fini », a déclaré Florence Richardson. « Maintenant, il faut oublier que cela peut être fait dans un souci d’optimisation fiscale. »
Petite consolation, la défiscalisation : le désenchantement de l’investissement au capital des PME accordé sous conditions aux souscriptions en numéraire au capital des petites et moyennes entreprises non cotées demeure, quant à lui. Mieux, il a augmenté exceptionnellement en 2018, passant de 18% à 25% des montants engagés par an. Mais l’augmentation effective de ce taux devait être publiée dans un décret lié à la nécessité de notifier à la Commission européenne cette mesure… Qui n’a pas encore été publiée. Par conséquent, les investisseurs en 2018 devront se contenter de 18 %. La modification du projet financier pour 2019, qui passe cette augmentation à 25% du système Madelin pour un an, a été approuvée par la Commission des Finances et sera présentée au Congrès.
Enfin, note Tanguy de La Fouchardière, « cet avantage est inclus dans le calcul du plafond des écarts fiscaux, qui fixe à 10 000 euros par an le plafond des déductions et crédits d’impôts autorisés pour un même foyer fiscal. Cela réduit donc l’ampleur de ce geste de Bercy l’effet incitatif qui semble paradoxalement favoriser ce type d’investissement dans l’économie réelle ».
Le choix du réseau
C’est pourquoi il est important pour un business angel de sélectionner avec soin l’entreprise à laquelle il souhaite apporter ses fonds. Et cela commence souvent par le choix du ou des réseaux avec lesquels s’associer, car de cette décision découlent les demandes de financement des entreprises auxquelles il aura accès. « Tous les réseaux sont différents en soi », confirme Tanguy de La Fouchardière. « Si certaines se concentrent sur une région précise, d’autres sont spécialisées dans un certain secteur d’activité, comme la santé ou le monde maritime, ou sont réservées à d’anciens élèves de grandes écoles comme Polytechnique. »
Cette première étape consiste à faire le tri parmi les différents projets présentés. Bien qu’il puisse y avoir quelques différences selon les réseaux, en général, un premier écrémage est effectué tous les mois par un comité de sélection. Seuls quatre ou cinq fichiers sont alors enregistrés et les porteurs de projet sont invités à expliquer leur plan à tous les membres du réseau. « Ensuite, si chacun décide individuellement de son investissement, après une étude réalisée par quelques membres intéressés par le dossier puis partagée sur le réseau, chacun participe aux discussions et peut ainsi donner son avis », précise Alain Pujol.
La personnalité de l’équipe dirigeante, le caractère innovant du projet, les sorties de marché… sont donc des critères à prendre en compte pour décider d’accompagner financièrement ou non une jeune entreprise. Dans cette optique, Florence Richardson conclut que « compte tenu des risques pris, le montant investi ne devrait représenter qu’une petite partie de l’actif ».
Miser sur le private equity
Avec un rendement annuel moyen de 6,3 % entre 2008 et 2017, selon la dernière étude de France Invest, l’association des investisseurs de croissance, le capital investissement français surperforme les autres grandes classes d’actifs de long terme. A titre de comparaison, sur la même période, le CAC 40 n’a rapporté en moyenne que 3,2% par an, l’immobilier 4,5% et les hedge funds 2,7%. De quoi inciter les investisseurs à s’intéresser à ce type d’investissement, dit « Private equity », qui consiste à entrer au capital de sociétés non cotées par l’intermédiaire de fonds. Cible? Diversifiez vos actifs tout en finançant le développement et l’expansion d’entreprises privées dont les valorisations sont faiblement corrélées au marché boursier. Disponible à partir de 400 000 euros environ (pour des parts de fonds comprises entre 50 et 100 000 euros), ce type de placement nécessite un horizon de long terme et une vigilance accrue de la part de l’équipe de gestion à qui elle confie son argent.
A retenir
Accès au capital de PME Investissement : à partir de 10 000 euros Niveau de risque : très élevé