Adil Lamnini
Président de l’Association Professionnelle des Marques Marocaines
Pour assurer une meilleure traçabilité de la chaîne de production et gagner en crédibilité au Maroc et à l’étranger, un changement de process doit intervenir. Adil Lamnini, président de l’Association Professionnelle des Marques Marocaines, lance un cri du coeur pour franchir un nouveau chemin. La solution serait de créer une blockchain. Entretien.
Le contexte actuel ne favorise pas la compétitivité des produits marocains à l’international. Mais pour booster le Made in Morocco, vous avez insisté lors de votre intervention au RDV du Made in Morocco, sur la création d’une blockchain. Quelle est votre théorie ? Il est important de mieux comprendre ce qu’est la Blockchain, car nous avons tendance à la confondre ou à l’associer à la crypto-monnaie. Blockchain est une base de données distribuée où sont enregistrés les enregistrements de toutes les transactions et événements numériques qui ont été exécutés et partagés entre ses utilisateurs depuis sa création. Chaque enregistrement contenu dans cette base de données est scrupuleusement vérifié par consensus de la majorité des participants au système.
Une fois saisies, les informations ne peuvent pas être effacées car chaque bloc contient l’historique correct et vérifiable des transactions effectuées. Les échanges successifs et automatiques effectués par les utilisateurs sont enregistrés dans cette base de données sous forme de blocs de transactions.
C’est pourquoi nous parlons de blockchain. En termes simples, il s’agit d’une technologie de stockage et de transmission d’informations, qui prend la forme d’une base de données qui a la particularité d’être partagée simultanément entre tous ses utilisateurs et qui ne dépend d’aucun organe central, et j’insiste là-dessus. En plus du large spectre d’actions, contrairement aux crypto-monnaies, la rapidité et la sécurité sont des atouts non négligeables.
Concrètement, comment le contextualiser ? Pour mieux l’esquisser, prenons l’exemple de l’industrie agro-alimentaire, qui est le premier contributeur (environ 14%) au PIB, devant le tourisme et l’industrie, et qui est un écosystème complexe et international, avec de nombreux acteurs impliqués dans la chaîne de valeur : agriculteurs, producteurs, fournisseurs, distributeurs, consommateurs ou encore régulateurs… Chaque acteur a ses propres processus et processus internes, et offre très peu de transparence à ses homologues.
La technologie blockchain permet, dans ce contexte, de proposer un système dans lequel chaque étape du cycle de production peut être cartographiée en temps réel et enregistrée de manière sécurisée et immuable. Ainsi, tous les acteurs de la filière peuvent connaître la trajectoire des produits et l’implication de chacun de ses partenaires, et le contrôle de la conformité du cycle de production par les régulateurs et les auditeurs externes est instantané.
Il est rappelé, et conformément aux dispositions de la loi n° les marchands sont tenus d’obtenir au préalable l’autorisation sanitaire délivrée par l’ONSSA.
Cette procédure est aujourd’hui considérée comme archaïque, administrativement contraignante et manque de crédibilité auprès des opérateurs et des consommateurs. C’est pourquoi nous appelons à la réforme de la loi et à la modernisation et la numérisation, sans délai, des processus de l’ONSSA. Car à l’heure où nous promouvons nos productions Made in Morocco à l’international et suivant les enseignements, si bien tirés, de l’épidémie de Covid, nous devons pouvoir garantir que tout au long du cycle de vie du produit, les acteurs de la supply chain respectent la blockchain avec des informations sur les produits qu’ils fabriquent, transforment ou distribuent.
A la fin du cycle, le consommateur peut, en flashant un QR code unique et inviolable, retrouver toutes les informations sur son produit. La nécessité de réduire ces coûts et de migrer vers un processus 100% digital pour rationaliser les procédures et réduire les erreurs est réelle, et c’est désormais possible avec l’adoption d’une blockchain Made in Morocco.
De plus, cette solution permettra d’offrir plus de transparence aux clients et d’assurer un meilleur suivi du produit dans la chaîne de production, tout en valorisant la qualité des produits Made in Morocco auprès des consommateurs tant sur le marché marocain qu’à l’étranger.
Quels sont les dispositifs à mettre en place pour que cette transition soit réussie ?Au-delà de la dimension technique, la mise en place d’une solution blockchain est un véritable projet de transformation qui nécessite une certaine ouverture vis-à-vis des partenaires extérieurs. ‘compagnie. Il faut donc accepter la co-construction avec un écosystème d’acteurs, varié, nouveau et différent.
C’est pourquoi, au niveau de l’Association Professionnelle des Marques Marocaines (APMM), nous lançons cet appel, au Chef du Gouvernement et aux différents Ministères associés à la défense et à la promotion de la compétitivité de notre production locale, pour oser définitivement digital 4.0, pour réformer l’archaïsme de la gestion de nos organes de contrôle et enfin migrer vers un business model lean, intelligent et ouvert, comme celui qui existe déjà en Europe, aux Etats-Unis et en Asie. Made in Morocco 4.0 « c’est maintenant » ou jamais.