Les combats, Ivy Pélissier-Platon sait ce que c’est. Que ce soit dans les jeux vidéo ou dans la vie, ils ne lui font pas peur. En tant que femme transgenre, Ivy est quotidiennement confrontée à des stéréotypes. « Les critiques doivent vous couler comme l’eau d’un pelage de canard », s’amuse la jeune femme.
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Si vous la croisez dans la rue, Ivy vous sourira. En fait, elle vous sourira même en vous racontant ses traumatismes. Cette femme de 27 ans porte en elle une détermination et un optimisme flagrants. Et elle en avait bien besoin, lorsqu’elle s’est lancée avec son meilleur ami, Adrien Khelil, dans la création de « Volkan Gaming » en août 2020.
Située au 2 rue Blatin à Clermont-Ferrand, l’association dont elle est vice-présidente propose un lieu d’échanges et de rencontres autour des jeux vidéo. « Volkan gaming » organise et participe aussi et surtout à des événements « gaming » à Clermont-Ferrand et ses environs.
« Être une femme transgenre et ronde, c’est encore plus difficile »
« Je veux défendre les femmes qui jouent aux jeux vidéo et montrer aux femmes trans que tout est possible », explique Ivy. Lier le jeu vidéo aux combats sociaux est rare, mais pas totalement anodin. La jeune Riomoise a décidé de faire ce qu’elle aime. Et ça, pour une personne transgenre, c’est déjà un challenge. Les femmes étant peu reconnues dans le monde du jeu vidéo, « en tant que personne trans et ronde, c’est encore plus difficile d’être prise au sérieux ». Les valeurs de cette association sont aussi celles de son vice-président : solidarité, entraide, échange, acceptation de soi et des autres. « Des valeurs humaines », précise la Riomoise.
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Grâce à une formation de guide e-sport, Ivy Pelissier-Platon peut désormais encadrer des jeunes dans cette discipline. Un moyen supplémentaire de transmettre des connaissances sur sa passion, les jeux vidéo. Volkan Gaming est aussi un moyen de créer du lien social entre des joueurs parfois seuls ou en difficulté. « Les jeux vidéo permettent aux personnes âgées de stimuler leur mémoire ou aux personnes souffrant de phobies, agoraphobes par exemple, d’apprendre petit à petit à les surmonter. »
Cette vocation, la jeune femme l’a découverte en travaillant pour la préfecture de Riom. A l’accueil le matin et au greffe des associations l’après-midi, c’est là qu’elle « a appris les outils pour structurer des documents et gérer l’administration d’une association », explique-t-elle. . Avant de créer « Volkan Gaming », Ivy était déjà impliquée dans la vie associative. Elle a été vice-présidente de l’association « Aery gaming et solidarité », qui apportait un soutien aux personnes en dépression ou en détresse sociale par la pratique des jeux vidéo.
Double thérapie
Enfin, aider les autres à être eux-mêmes et à faire ce qu’ils aiment est aussi une thérapie pour la jeune femme. « Je souffre beaucoup d’angoisse et d’anxiété. L’association me permet de me dépasser », confie-t-elle. Celle qui considère sa transition comme une « seconde puberté », « une renaissance », souhaite encourager les femmes trans à s’affirmer dans leur féminité, que ce soit à travers les jeux vidéo ou non. « Avant, je me cachais derrière une grosse barbe. Il a fallu qu’on passe un jour de la chrysalide au papillon », raconte-t-elle en souriant, comme toujours.
L’évolution de la transidentité au XXe siècle
De plus, le logo de l’association, la salamandre, n’a pas été choisi au hasard. « C’est le seul animal stéréotypé dans la légende urbaine auvergnate », explique Ivy Pélissier-Platon. En effet, le petit reptile avait la réputation, à tort, de tuer des troupeaux de bétail.
Stéréotypes ciblant la transidentité et les femmes, la Riomoise veut s’en affranchir. Et lorsqu’on lui demande si ce n’est pas trop lourd à supporter, elle répond : « Non, parce que j’en suis fière. »