Jeu vidéo : De Chengdu à Milan, Ubisoft mise sur la production en réseau mondial

AFP, publié le mardi 18 octobre 2022 à 15h54.

Le développement de jeux vidéo grâce à un réseau de studios implantés dans le monde entier : c’est la méthode choisie par l’éditeur français Ubisoft pour créer le nouveau « Mario + Les Lapins Crétins », illustration de la mondialisation de cette industrie.

« Avec la technologie, les systèmes numériques (communication), on est parés pour pouvoir travailler avec des studios à distance, même avec des horaires décalés. Ça fait longtemps, que ce soit dans les jeux +Far Cry+, +Assassin’s Creed+ ou +Just Dance+ , travaillons comme ça », a expliqué à l’AFP Xavier Manzanares, producteur en chef du jeu « Mario + Les Lapins Crétins : Les Étincelles de l’Espoir », sorti jeudi.

Fusion du célèbre monde du plombier Nintendo « Mario » et du déjanté « Lapins Crétins », ce titre, auquel travaillent plus de 300 personnes, a été piloté par deux studios, à Milan (Italie) et à Paris.

Avec également trois studios supports : Chengdu (Chine), Pune (Inde) et Montpellier, bien sûr pour la partie création et développement.

« Il y a un intérêt créatif (dans cette organisation) car chaque studio a sa propre culture, son approche et des individus différents, ce qui à chaque fois ajoute quelque chose au concept. C’est une vraie force », souligne Xavier Manzanares, insistant sur le travail de  » autonomie ». chaque studio.

Sofia (Bulgarie), Montréal (Canada), Abu Dhabi (Emirats Arabes Unis) ou encore Kiev et Odessa (Ukraine) et 65 langues différentes.

Un mode de fonctionnement typique des principaux studios de jeux vidéo « organisé avec des entreprises du monde entier, avec des équipes (locales) disponibles », a expliqué à l’AFP Cédric Lagarrigue, expert du marché et ancien patron de l’éditeur Fokus.

Il y a une équipe qui dirige la partie créative, souvent située en Amérique du Nord ou en Europe, « et dans toute création de contenu, comme la création de personnages ou d’environnements 3D, cela peut se faire n’importe où dans le monde. Vous n’êtes pas obligé de le faire dans le même lieu géographique », a-t-il déclaré.

Par exemple, l’édition 2023 de « Fifa », célèbre simulation de football développée par l’éditeur américain Electronic Arts, a été développée dans ses studios de Vancouver et de Roumanie.

Dans le cas de « Mario + Les Lapins Crétins », cette division internationale du travail incite chaque studio à apporter des briques à l’immense édifice technique nécessaire au bon déroulement du jeu : à Montpellier, responsable de l’animation et des cinématiques diverses ; à Chengdu, développant l’une des « planètes » du titre ; à Pune, section test et qualité.

« Il s’assure que la qualité, de l’étape de production à la fin, est (…) conforme à ce que Nintendo attend pour la qualité du jeu », a déterminé Xavier Manzanares.

Au-delà de la diversité créative, quels sont les autres bénéfices de la diffusion de la production de jeux vidéo aux quatre coins du monde ?

« Vous avez des coûts moindres dans certaines zones, comme l’Inde ou les pays de l’Est. Cela vous permet d’externaliser beaucoup de choses », souligne Cédric Lagarrigue.

« Ça se passe comme ça pour beaucoup de jeux +AAA+ (gros budget, ndlr) comme pour les petits jeux, (…) Parce qu’il y a du talent, des compétences, dans des domaines où le coût du travail est moindre », a-t-il ajouté.

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