Publié le 19 septembre 2022 à 17 h 23 Mis à jour le 20 septembre 2022 à 9 h 05
Electronic Arts, Capcom, Ubisoft, CD Projekt… et maintenant Take-Two Interactive. La liste des éditeurs de jeux vidéo renommés victimes d’une cyberattaque ne cesse de s’allonger. Cette fois, le « hack » concerne la franchise phare de l’éditeur américain, Grand Theft Auto, et surtout l’opus actuellement en développement et attendu par des dizaines de millions de joueurs à travers le monde : « GTA VI ».
Ce week-end, un utilisateur a posté une dizaine de vidéos d’un prototype du jeu sur le site communautaire GTAForums avec un lien vers plusieurs dizaines de vidéos supplémentaires, un très gros « leak » pour un tel jeu vidéo. Prétendant être également à l’origine du piratage d’Uber la semaine dernière, le pirate affirme qu’il possède le code source de « GTA VI » et « GTA V ».
« Comme toujours avec les hacks de ce type, il faut utiliser le conditionnel. Il semblerait que le hacker ait mis la main sur le code source de GTA VI, mais pas sur le central. Sur les captures d’écran que l’on voit, il s’agit plutôt d’éléments de dialogue ou d’interaction entre les personnages du jeu, détaille Gérôme Billois, expert en cybersécurité au cabinet Wavestone.Ce ne sont pas des données personnelles des joueurs, mais des données techniques utilisées dans la conception du jeu.
« Le risque principal est réputationnel »
Reste que le contenu publié par le pirate est rapidement devenu viral, malgré les demandes de retrait de Rockstar Games (le studio à l’origine du développement du jeu et propriété de Take-Two) qui a reconnu, ce lundi en début d’après-midi, avoir été victime d’une cyberattaque. Dans ses messages, le hacker a déclaré vouloir négocier directement avec Rockstar Games et Take-Two, les menaçant de nouvelles « fuites » en cas de non-paiement.
« Avec ce qui a été volé, il est possible de contourner le système anticopie du jeu, de trouver des failles pour pouvoir tricher. Rien de trop cher ou de trop problématique pour Take-Two, pour qui le principal risque est réputationnel et concerne son image », argumente Gérôme Billois.
« Ça leur fait aussi perdre le contrôle de la communication autour du jeu, abonde Julien Pillot, enseignant-chercheur à l’Inseec School of Business & Economics. Ça va aussi ralentir le développement de ‘GTA VI’ puisque Take-Two devra commander un audit externe, durcir les processus de vérification interne pour que cela ne se reproduise plus, vérifier qu’il n’y a pas eu de complicité entre ses équipes, c’est aussi grever leur rentabilité puisqu’ils vont devoir augmenter leurs dépenses en cybersécurité. évitez les autres « bad buzz » du même acabit, d’autant plus que la franchise GTA est la vache à lait de Take-Two et qu’un nouvel opus ne sort pas tous les quatre matins.
Un blockbuster de l’industrie vidéoludique
Depuis la sortie de « GTA V » en 2013, aucun nouvel opus de la franchise n’a vu le jour. En neuf ans d’exploitation, le titre s’est vendu à près de 170 millions d’exemplaires, un niveau stratosphérique qui en fait le troisième jeu vidéo le plus vendu de l’histoire, en volume, derrière Minecraft (Microsoft) et l’inclassable Tetris. En valeur, « GTA V » a généré près de 8 milliards de dollars de revenus depuis 2013, ce qui en fait le bien culturel le plus rentable de toute l’histoire, loin devant « Avatar » ou « Avengers : Endgame ». .
Aujourd’hui encore, le jeu se vend à plusieurs millions d’exemplaires chaque trimestre. Une longévité extraordinaire s’étendant sur trois générations de consoles de salon (PS3, PS4, PS5 et Xbox 360, Xbox One, Xbox Series) qui s’explique notamment par le mode « GTA Online » (accessible gratuitement pour les joueurs ayant acheté « GTA V « ). Dans cet univers massivement multijoueur, persistant et sans but, les joueurs peuvent se déplacer à leur guise, se retrouver ou parfois créer eux-mêmes du contenu.
Et les microtransactions pour obtenir divers bonus sont légion. Succès et rentabilité expliquant pourquoi Rockstar Games a laissé du temps pour avancer sur « GTA VI ». Lorsque le développement du jeu a été officialisé en février, le titre de Take-Two a bondi de 7 %. Ce lundi, le titre a chuté d’un peu plus de 1% en début de séance à Wall Street.