Colorants, gélatine animale, arômes artificiels, additifs, sucre à gogo… La liste des ingrédients de nos bons vieux bonbecs fait parfois peur. Face à la vague du mieux manger, le rayon confiserie a encore du pain sur la planche pour proposer des gourmandises meilleures pour la santé et la planète. Certains grands groupes commencent timidement à proposer de nouvelles références, des « Mini cub' », ou encore des « Crocodile’Fizz » biologiques apparaissent.
D’autres essaient de « nettoyer » leurs recettes. Nous ne faisons que commencer. La preuve, comme le montrent ces chiffres de LSA : le gigantesque marché de la confiserie en France pèse près de quatre milliards d’euros. A l’intérieur, les bonbons et sucettes bio représentent à peine six millions.
Parallèlement à ce marché en lente transition, les tendances évoluent. La France compte 2% de végétariens, mais aussi 24% de « flexitariens », qui limitent au maximum leur consommation de viande, selon un sondage Ifop de 2021. Les jeunes sont plus impliqués dans leur alimentation que leurs aînés : chez les 18-24 ans pourcentage des végétariens, végétaliens et végétaliens monte à 12%…
Une alternative plus saine
D’une part, ces tendances alimentaires. D’autre part, le désir de manger mieux, plus sain, partagé par une grande partie de la population. Pour rejoindre tout cela, sans avoir à abandonner pour toujours l’idée de quelques douceurs pour une collation, de nouvelles entreprises tentent de s’implanter sur ce délicieux marché. Avec cette fois une offre 100% vegan et des ingrédients triés sur le volet…
Parmi ces jeunes pousses, celle de Céline Dirani, étudiante en commerce. Parallèlement à ses études, elle fonde Rebelle Snacks en 2022, des bonbons vegan, sans sucre et enrichis en protéines. « Le bonbon parfait », revendique la jeune marque, qui a bouclé cet été un financement participatif sur Ulule avec plus de 3 400 préventes. « Ce marché doit être secoué, vous voyez les mêmes offres encore et encore… Mon objectif est de fournir une alternative saine pour ne plus avoir à diaboliser les bonbons ! » ‘, souligne-t-elle. Mission difficile, mais pas impossible !
Garder le plaisir
Cependant, vous rencontrez de nombreux problèmes lorsque vous souhaitez fabriquer un bonbon végétalien. Commencer par trouver les bons ingrédients et faire la recette ! Harriet Wadjinny-Green, PDG de la marque Bonsai, peut le confirmer : « Le plus difficile est d’obtenir une texture agréable avec de la pectine végétale. La gélatine animale est utilisée par les fabricants car elle est peu coûteuse et donne facilement une bonne texture au bonbon. Il nous a fallu un an pour trouver le bon équilibre ! »
Pour cette autre jeune marque, le plus important est de proposer un produit « sans encombrement » tout en restant le plus gourmand possible. « Notre objectif est de proposer quelque chose de bon, mais aussi de rassurant, avec une composition que le consommateur puisse comprendre, sans ingrédients bizarres (gélatine, additifs, colorants chimiques, etc.) ! Mais attention, ce n’est pas un produit sain, ça reste un bonbon, avec du sucre et du goût », s’amuse Harriet Wadjinny-Green. Pas besoin de sacrifier le plaisir, avec ses petits bonbons en forme de fruits.
Le juste prix
Est-il difficile de véganiser un bonbon ? « Ça dépend, certaines recettes sont plus délicates que d’autres. Ce n’est pas facile pour les guimauves par exemple, on y travaille encore », raconte Audrey Dangauthier, gérante des Happy Hours de Biovallée. Bref, son entreprise, fondée il y a cinq ans, est spécialisée dans les fruits secs et les oléagineux. s’est lancé dans la production de guimauves. Des bonbons bio et vegan, en revanche, son entreprise propose la plupart de nos douceurs préférées : « nounours, chips, réglisse, bouteilles de coca… Ça reste volontairement enfantin ! Nos clients ce sont les enfants, mais aussi Leurs parents. » Et ça marche, son entreprise approvisionne aujourd’hui plus de 700 magasins et épiceries spécialisées dans le bio et le vrac.
Autre problème : trouver le juste prix. « La pectine, par exemple, coûte plus cher que la gélatine. Malheureusement, nos forfaits sont désormais plus chers que la moyenne, donc nous ciblons les personnes qui savent que pour mieux manger, il faut être prêt à dépenser un peu plus », confirme Céline de Rebelle Snacks, qui vise « le juste prix sans « marge gigantesque ». Sur le crowdfunding, un forfait coûte entre 3,75 et 5 euros, selon le montant acheté. Même question avec Bonsai. Avec l’achat direct en ligne, le forfait coûte environ trois euros. Chez Monoprix, son chewing-gum sans plastique coûte 2,29 euros.
Malgré ces difficultés, nos entrepreneurs y croient fermement. Bonsai vendait 250 000 paquets de chewing-gum par an. Et Harriet Wadjinny-Green ne voit pas cette vague s’arrêter, bien au contraire : « Je suis sûre que les grandes marques finiront par suivre cette tendance et se positionneront sur le créneau. A terme, les bonbons vegan finiront par devenir la norme ! »
À noter
Le marché des bonbons se porte bien. Les ventes sont en hausse (+5,1% en volume à fin août sur un an selon Nielsen), tandis que les ventes de chocolat sont en baisse (-10,6% à fin août 2022 par rapport à août 2021).