Le ministère britannique du numérique, de la culture, des médias et des sports (DCMS) vient d’appeler l’industrie du jeu vidéo à prendre davantage de mesures pour protéger les joueurs des loot boxes. Cette demande, qui prend la forme d’une main tendue, est pourtant un ultime avertissement avant l’élaboration d’un texte de loi pour réguler le marché.
Le jeu vidéo toujours plus au centre de l’attention politique
Si le jeu vidéo est longtemps resté dans l’ombre des autres grandes industries culturelles, il est désormais au centre de l’attention médiatique et politique. Ces dernières années, les gouvernements ont pris de nombreuses positions sur les pratiques du secteur, voire sur l’introduction de nouvelles législations contraignantes. L’exemple le plus frappant est la mise en place de restrictions et de contrôles drastiques pour les mineurs en Chine. En France aussi on en trouve une illustration dans la traduction des termes utilisés par les joueurs, principalement en anglais.
Langue française : nouveaux termes officiels pour les jeux vidéo
Parmi les États qui s’intéressent fortement aux jeux vidéo, à leurs acteurs et à leurs pratiques, on retrouve le Royaume-Uni. Entre autres choses, un certain nombre de députés britanniques ont attaqué les scalpers l’année dernière et ont demandé qu’une législation soit mise en place pour neutraliser leurs activités. Mais DCMS (équivalent du ministère de la Culture) a depuis longtemps une pratique spécifique pour les jeux vidéo à la jumelle : les loot boxes.
Le Royaume-Uni donne une chance aux entreprises du jeu vidéo et cite Xbox en exemple
Le système de loot-box, s’il est présent dans de nombreux jeux, reste un élément de désaccord dans la communauté des joueurs elle-même. Surtout lorsqu’il est intégré à un jeu initialement payant (Star Wars Battlefront II, FIFA). Cependant, il génère toujours des sommes importantes pour les éditeurs de jeux, et surtout, il récompense la dépense du joueur avec un objet aléatoire, et donc les politiques s’y intéressent particulièrement.
Il y a quelques mois, DCMS avait tiré la sonnette d’alarme sur le sujet, estimant que les loot boxes, caractérisées par leur caractère aléatoire, se rapprochaient du jeu d’argent. Il avait alors menacé de changer la loi régissant ce dernier pour y intégrer les loot boxes. DCMS a publié hier ses travaux sur le sujet et reconnaît aujourd’hui que cette modification serait trop coûteuse et aurait des conséquences trop imprévisibles pour être mise en œuvre.
Pour résoudre le problème, il propose l’autorégulation. Au lieu de légiférer sur ce point, elle tend la main aux sociétés de jeux vidéo afin que des mesures fortes soient prises, à leur initiative, pour protéger les joueurs. Dans son rapport, DCMS prend en exemple la Xbox, qui permet déjà aux parents de bloquer les microtransactions dans le jeu.
Pour justifier les demandes, une étude menée par DCMS auprès des consommateurs a été mise en avant. L’enjeu est de mieux comprendre leur relation aux microtransactions dans les jeux et leur niveau d’information. Parmi les personnes interrogées, on apprend notamment que :
Cependant, le DCMS attire l’attention sur les conditions de réalisation de l’enquête. Les intimés étaient ciblés par lui et ne s’appliquent qu’aux joueurs de plus de 16 ans et aux parents ayant la responsabilité d’enfants qui jouent aux jeux vidéo. C’est pourquoi un groupe de travail composé d’un certain nombre d’acteurs industriels sera mis en place pour approfondir les recherches sur le sujet et accompagner la mise en place des solutions demandées.
Le gouvernement britannique réaffirme sa volonté de réguler le marché et promet la création d’un cadre légal si les studios et les éditeurs ne suivent pas ces recommandations ; il s’agit donc d’une nouvelle étape et non d’un aboutissement de cette affaire. Nous suivrons donc avec intérêt les réponses de l’industrie, d’autant plus que leurs effets peuvent se faire sentir en dehors du Royaume-Uni.