Le télescope James Webb détecte pour la première fois du CO2 dans l’atmosphère d’une exoplanète

AFP, publié le jeudi 25 août 2022 à 21h39.

Le télescope spatial James Webb a pour la première fois détecté la présence de CO2 dans l’atmosphère d’une exoplanète, c’est-à-dire une planète en dehors de notre système solaire, une découverte qui démontre son énorme potentiel et excite les scientifiques pour de nouvelles observations.

La planète en question est une géante de gaz chaud où la vie telle que nous la connaissons serait impossible, mais la découverte conforte l’idée que de telles observations pourraient également être faites sur des planètes rocheuses – dans le but ultime de déterminer si l’une d’entre elles abrite conditions favorables pour la vie.

« Pour moi, c’est une porte qui s’ouvre pour de futures études sur les super-Terres et même sur la Terre », a déclaré jeudi à l’AFP Pierre-Olivier Lagage, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique (CEA). -auteurs de ce travail, qui sera publié dans la revue scientifique Nature.

« Ma première réaction : wow, nous avons vraiment une chance de détecter les atmosphères de planètes de la taille de la Terre », a tweeté la professeure d’astrophysique Natalie Batalha de l’Université de Californie à Santa Cruz.

La détection de CO2 permettra également d’en savoir plus sur la formation de cette planète, nommée WASP-39 b et découverte en 2011, a indiqué la Nasa. Située à 700 années-lumière de nous, elle représente environ le quart de la masse de Jupiter et est très proche de son Soleil.

Il a été choisi car plusieurs critères facilitent l’observation, à l’heure où les scientifiques évaluent encore les capacités du télescope, qui a dévoilé ses premières images il y a moins de deux mois.

WASP-39 b passe très régulièrement devant son soleil (il en orbite en quatre jours), et son atmosphère est étendue.

Pour ses observations, James Webb utilise la méthode des transits : lorsqu’une planète passe devant son étoile, il enregistre l’infime variation de luminosité qui en résulte.

Il a ensuite analysé la lumière « filtrée » à travers l’atmosphère de la planète. Différentes molécules présentes dans l’atmosphère laissent des signatures spécifiques, qui permettent de déterminer leur composition.

Les télescopes Hubble et Spitzer avaient déjà détecté de la vapeur d’eau, du sodium et du potassium dans l’atmosphère de cette planète, mais James Webb a pu aller plus loin grâce à son extraordinaire sensibilité dans le spectre infrarouge.

Dans un communiqué de presse de la NASA, Zafar Rustamkulov, de l’Université Johns Hopkins, a raconté ses sentiments lorsque la présence de CO2 est devenue évidente : « C’était un moment spécial, un tournant dans la science des exoplanètes. »

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