AFP, publié le mercredi 22 juin 2022 à 19h38.
L’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) a publié mercredi une enquête menée en Ukraine qui, selon elle, prouve que le photoreporter ukrainien Maks Levin a été tué, voire torturé, par des soldats russes en mars.
« Ce rapport sera notre sixième plainte » devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, a déclaré RSF à l’AFP. La plainte portera « exclusivement sur le cas de Max Levin », qui était « mentionné parmi plusieurs autres cas dans notre cinquième plainte du 27 mai », a ajouté l’association.
Les corps du journaliste ukrainien Maks Levin et de son compagnon, le soldat Oleksiy Chernyshov, ont été retrouvés le 1er avril dans une forêt en bordure de Moschchun, un village à une vingtaine de kilomètres de Kyiv. Les deux hommes ont disparu le 13 mars.
Du 24 mai au 3 juin, les RSF ont dépêché sur place une équipe d’enquêteurs, dont le photographe de guerre Patrick Chauvel, qui avait travaillé avec Maks Levin pendant plusieurs jours dans la province du Donbass fin février.
« L’enquête a révélé des éléments suggérant que le photoreporter et sa compagne ont été froidement exécutés, après avoir éventuellement été interrogés et torturés par les forces russes le jour de leur disparition », ont écrit les enquêteurs dans leur rapport.
Ils se sont appuyés principalement sur des photographies de scènes de crime et des éléments matériels trouvés sur place : des balles, selon eux, couramment utilisées par les soldats russes et des preuves de la présence russe sur les lieux (« emballages alimentaires, couverts en plastique, paquets de cigarettes, notice d’utilisation. « fusée… »).
Le rapport fait deux hypothèses sur le cours des événements.
Dans le premier scénario, Max Levin et son acolyte, dont les corps ont été retrouvés brûlés, auraient été abattus après avoir été repérés sans le savoir par des soldats russes.
Dans le deuxième scénario, les deux hommes auraient pu être interceptés dans leur voiture par des soldats russes, interrogés voire torturés séparément (peut-être brûlés vifs pour Oleksiy Chernyshov), puis fusillés.
RSF a indiqué avoir été entendue par un tribunal ukrainien et avoir « fourni neuf éléments de preuve matériels recueillis sur le terrain ainsi qu’une clé USB contenant plusieurs dizaines de photographies prises par Patrick Chauvel sur les lieux du crime ».
Maks Levin est l’un des huit journalistes tués depuis le début de la guerre en Ukraine. Le dernier en date est le Français Frédéric Leclerc-Imhoff, tué par des éclats d’obus tirés par les troupes russes le 30 mai.