Depuis quelques jours, trouver de l’essence est une mission quasi impossible pour de nombreux automobilistes français. La grève des travailleurs de Total a interrompu l’approvisionnement normal en carburant des zones, et le ravitaillement est comme un cauchemar pour les chauffeurs. C’est pourquoi les gens qui ont la chance de faire le plein sans voitures ni diesel ne regardent plus le prix, mais sont très heureux d’éviter de tomber en panne de carburant. Si cette panne est un problème pour de nombreux Français, elle profite à certains revendeurs, qui, depuis de nombreuses années, se sont spécialisés dans le vol et la revente d’essence. Le dernier groupe quitte les réservoirs des voitures ou des camions et revend le précieux « or noir ». Habituellement, la valeur de revente est la moitié du prix à la pompe. Hors pénurie, les prix ont grimpé, jusqu’à 3 à 4 euros le litre selon les vendeurs. Nous avons suivi un client, situé en région parisienne, et l’avons capturé en caméra cachée. L’interview montre les dessous de ce business pas cher…
+ Hausse des prix et pénurie d’essence Depuis de nombreuses années en France, le prix de l’essence a augmenté. En 2015, le prix moyen à la pompe est de 1€ le litre, sans plomb comme le gasoil. Fin 2018, le prix est passé à 1,50 € le litre en moyenne, voire plus de 2 € en 2022. L’évolution du prix de l’essence est décrite dans une partie de la fluctuation du prix du pétrole. Mais en France, les prix élevés à la pompe sont souvent justifiés par des taxes élevées. Les taxes perçues par le gouvernement représentent plus de 60 % du prix de l’essence et du diesel. Si on peut constater une petite baisse des prix en fin d’année, les Français vont devoir faire face à un nouveau problème : une attaque des ouvriers de Total qui provoque des pénuries, pour empêcher davantage les chauffeurs de se remplir…
+ La vente d’essence, un business en vogue pour les escrocs Comme tout produit cher ou difficile à trouver, l’essence est une source de commerce illégal. Depuis de nombreuses années, les concessionnaires ont compris qu’ils pouvaient faire un business en achetant et en vendant des réservoirs d’auto ou de camion. Le but : revendre la précieuse eau au marché noir. Nous en avons capturé un. La nuit, il resserre le bouchon d’essence d’une voiture ou d’un camion et installe un tuyau dans le réservoir. Ensuite, pompez-le dans le tube pour créer un entrefer et permettre à l’essence de s’écouler d’elle-même dans un récipient. Lorsque le « seleni » est terminé, il emmène son butin dans une caisse, pour y garder son cœur. Le vendeur nous explique qu’il a rarement plus de 100 litres dans son garage, de quoi satisfaire deux ou trois clients. En fait, la demande est très forte, et il n’a pas le temps d’épargner grand-chose… Il nous a aussi dit que les camions sont les préférés des voleurs, car ils ont beaucoup de pétrole. En effet, il existe différentes méthodes antivol : bouchons antivol, systèmes anti-siphon, plaques de protection ou dispositifs électroniques sur la jauge à carburant. Cependant, certains chauffeurs ne verrouillent pas leur carburant, préférant prendre leur carburant au lieu de casser leur réservoir, rendant leur camion immobile et finalement plus cher. …
+ Un filon doux pour les clients, qui peut rapporter 3000€ par mois Après que le client ait fait son épargne, on le suit pour une transaction. Il a fait une rencontre avec un homme ordinaire vers 2h00 du matin, dans un parc désert plein de voitures, dans la ville de Paris. Le commerçant prend quatre bidons et remplit le réservoir de son client qui a commandé 30 litres de gazole. L’opération dure environ un quart d’heure et se passe bien. Généralement, les consommateurs paient la moitié du prix de l’essence à la pompe. Mais en ces temps de disette, le prix est élevé, et certains clients vendaient leur précieux « or noir » entre 3 et 4 euros le litre. Un business qui rapporte aux voleurs plus de 3000 euros par mois…