Le temps est venu pour les jeux vidéo à 80 $. En fin de semaine dernière, le blockbuster « FIFA 2023 » était mis en vente à ce prix sur les plateformes PlayStation 5 et Xbox Series, pour l’opus 2021, le prix était de 70 euros. Croissance de 14,3 %. Une évolution qui ne se limite pas au jeu phare de l’éditeur américain Electronic Arts. « God of War : Ragnarök », « Call of Duty : Modern Warfare II », « NBA 2K23 » : les versions dites standards (sans contenu supplémentaire) de ces titres sont également facturées 80 euros pour la nouvelle génération de consoles de salon. .
Le dénominateur commun de tous ces jeux est la boxe, qui appartient à la catégorie des jeux « triple A » (haut de gamme). Il y a deux ans, avec l’arrivée des séries PS5 et Xbox, il y avait déjà un ajustement à la hausse, là où pour ce type de production, le passage passait de 60 euros à 70 euros. La majoration qui a mis fin à près de quinze ans de stabilité des prix des jeux ; la dernière étape de ce qui était alors l’avant-dernière génération de consoles (PS3, Xbox 360). Et en cette rentrée, la hausse des prix ne se limite pas aux méga-productions.
L’éditeur français Focus Entertainment propose ainsi le jeu « A Plague Tale : Requiem » développé par le studio tricolore Asobo pour 60 euros, alors que le premier opus (« A Plague Tale : Innocence ») sorti en 2019 était facturé 50 euros. « Les budgets de développement ont considérablement augmenté. Aujourd’hui, un jeu « double A » comme « A Plague Tale : Requiem » est l’équivalent d’un « jeu triple A » d’entrée de gamme il y a cinq ans », a déclaré John Bert, vice-président exécutif de Focus Entertainment. « Les coûts de production ont augmenté de 200 à 300 % [en quinze ans] », a déclaré Strauss Zelnick, PDG de l’éditeur Take-Two (GTA), il y a deux ans.
« Une valeur refuge »
Comme toutes les industries, les jeux vidéo ont vu leurs autres coûts d’exploitation monter en flèche entre la crise énergétique et l’inflation. Compte tenu de ce dernier, cependant, l’augmentation actuelle des prix rattrape son retard. En fait, selon le Bureau of Labor Statistics, 60 $ en septembre 2005 équivaut à 89,39 $, corrigé de l’inflation en août 2022, selon le Bureau of Labor Statistics des États-Unis. Maintenant, le gros point d’interrogation reste la façon dont les joueurs réagiront à ce mouvement de seuil psychologique.
Historiquement, cette industrie a toujours bénéficié d’une forte élasticité-prix, y compris en temps de crise. « Pendant ces périodes, le jeu fait office de valeur refuge du point de vue des loisirs. Pour 60 ou 80 euros, on peut accéder à plusieurs heures de divertissement, ce qui reste bien plus compétitif que d’autres produits culturels, comme le cinéma », argumente John Bert.
La croissance actuelle s’explique aussi par un phénomène plus indirect : les ventes répétées dans divers magasins numériques, dont Steam, la plateforme de comparaison des ventes en ligne de jeux informatiques. « Beaucoup de joueurs attendent ce moment. Les remises atteignent parfois jusqu’à -80%, et les éditeurs en tiennent compte dans leur stratégie tarifaire lors du lancement de leurs jeux. Plus la fréquence des visages est élevée, plus la réduction affichée est forte et donc efficace », note Cédric Lagarrigue, senior advisor de la banque d’affaires Alantra. « Ces augmentations de prix peuvent également amener davantage de joueurs à opter pour des offres d’abonnement comme Game Pass [le service d’abonnement de Microsoft à utiliser avec les consoles Xbox]. »
Hausse du prix de la PS5
D’autant que son rival Sony a relevé les prix de sa PlayStation 5 Standard sur certains marchés, dont l’Europe, cet été. Maintenant, il est vendu 550 euros, avant il était de 500 euros. Une grande première pour une telle console, alors que les prix ont tendance à baisser avec les années.
« Sony profite de sa position de leader. On peut imaginer qu’ils vont baisser les prix dans deux ou trois ans, quand le prix des composants se normalisera », explique Cédric Lagarrigue. L’augmentation survient également alors que Sony a du mal à répondre à la demande de sa console, que les joueurs ont du mal à acquérir, les PS5 se vendant à des multiples de leur prix sur le marché de l’occasion.