Les épreuves de natation des Jeux olympiques de 2024 auront une touche spéciale pour les athlètes. Les odeurs familières des bassins ont disparu, les nageurs pourront nager dans une atmosphère saine : pour les protéger des dangers du chlore, 15 bassins seront aménagés au Centre Aquatique Olympique de Saint-Denis et plusieurs centres d’entraînement équipés de réacteurs de décloraminateur à ultraviolets. Contrat attribué à une PME inconnue : UV Germi. Ce nain de Corrèze, spécialiste de la désinfection aux UV, pourrait aller encore plus loin, puisqu’il est en « discussions avancées » avec la ville de Paris pour désinfecter une partie de la Seine, où se dérouleront des événements en eau libre.
Désinfectez l’eau en quelques secondes, sans produits chimiques. Le processus semble incroyable, mais il est tout à fait naturel : les rayons UV-C du soleil détruisent les bactéries et les virus. Un principe qu’UV Germi a réussi à industrialiser.
Son fondateur, André Bordas, était un visionnaire lorsqu’il a répondu à un appel d’offres dans les années 1990 de la chambre d’agriculture de Corrèze pour une dizaine de réacteurs UV pour désinfecter l’eau d’irrigation. Avec un seul CAP de bobinage électrique comme formation académique, cet autodidacte a décidé de faire quelque chose lui-même au lieu de les acheter aux États-Unis, ce qui était la seule option disponible à l’époque. Pari réussi pour ce septuagénaire passionné de rugby et de sport automobile qui réalise son premier réacteur UV en 1995. Et c’est un succès. A tel point qu’en 2009 il fonde une autre société, UV Germi, qui se consacre entièrement au sujet, laissant les rênes de sa première structure à sa fille.
« Prendre soin de l’eau »
Piscines, aquaculture, aquariums, industrie, agro-alimentaire, agriculture… Les secteurs d’utilisation sont innombrables. SME équipe 2 500 piscines, ainsi que le Musée Océanographique de Monaco, le Zoo de Beauval ou encore Coca-Cola pour la sécurité sanitaire de ses réservoirs.
Outre l’aspect sanitaire, les UV pourraient permettre d’importantes économies d’eau à l’heure où la France souffre de la sécheresse. Par exemple, un décolominateur dans une piscine publique permet d’économiser 30 litres d’eau neuve par jour et par baigneur, nécessaire sinon pour limiter la toxicité du chlore. « Prendre soin de l’eau est un devoir, insiste Willy Fortunato, directeur général d’UV Germi. Cela n’a aucun sens de nettoyer les trottoirs ou d’irriguer avec de l’eau potable. Nous devons réutiliser nos eaux usées.
La serre Auïtou à Egletons en Corrèze, qui produit des tomates en hydroponie sans pesticides, fonctionne sur ce principe. Traditionnellement, l’eau d’irrigation n’est jamais réutilisée dans l’agriculture ; si le plant de tomate est malade, toute la serre serait contaminée. Mais avec UV Germa, l’eau de serre non utilisée est désinfectée et renvoyée dans le circuit ; de quoi économiser de l’eau et 30 à 40% d’engrais.
Une technologie qui peut aussi être utilisée pour l’eau potable. Il reste environ 20 000 foyers en Provence qui ne sont pas raccordés au réseau d’eau potable. Alimentés par la Société du canal de Provence (SCP), ils sont tenus d’installer un réseau d’eau potable. Depuis 15 ans, SCP distribue environ 300 appareils Germi UV par an à cet effet. « Nous respectons l’appel à la concurrence, mais les germes UV sont les meilleurs », assure Jean-Marc Philip, directeur commercial de SCP, qui envisage d’étendre son offre de traitement d’eau à 10 000 foyers supplémentaires d’un coup. « Pas de problème » pour Willy Fortunato, qui assure que sa PME aura assez d’argent pour répondre à une telle commande.
48 salariés6,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 20212 500 piscines publiques équipées de réacteurs UV Germi
Investisseurs séduits
Et ce succès attire les investisseurs. La PME a levé 3 M€ en janvier, et prévoit de doubler son chiffre d’affaires d’ici fin 2023 grâce à sa stratégie de diversification – 6,3 M€ en 2021.
L’entreprise de 48 employés investit 20% dans la recherche et le développement. Après l’eau des piscines, de l’agriculture ou de l’industrie, cette politique a permis de désinfecter l’air et les surfaces. « Nous devons nous préoccuper de l’air que nous respirons, tout comme de l’eau que nous buvons », explique André Bordas. La pandémie a montré qu’il avait raison. Hôpital de Limoges, Lycée de la Corrèze, EDF pour les Centrales Nucléaires… Tous ont été repris.
« Les UV-C sont efficaces. C’est une bonne idée pour désinfecter les eaux usées, les blocs opératoires ou les instruments médicaux », explique Georges Zissis, physicien à l’université Toulouse III. Cependant, ils présentent également un risque de cancer s’ils sont exposés. Alors je ne donne pas tout. « Il vaut mieux ouvrir une fenêtre dans les écoles », estime le professeur, alors que les PME comptent sur la promesse d’Emmanuel Macron d’équiper tous les bâtiments publics de purificateurs d’air.
« La Corrèze en cathéter »
Face à son seul concurrent français, Bio-UV (44 M€ de chiffre d’affaires), UV Germi s’appuie sur la force de ses valeurs : durabilité et made in Corrèze. La maintenance représente 25% de son chiffre d’affaires. « Tout est assemblé à la main, réparable et recyclé. Nous avons des stocks. Il y a des années on nous voyait comme des éclairés, aujourd’hui nous sommes des ‘pionniers' », s’amuse Willy Fortunato, qui poursuit à haute voix : « J’ai la Corrèze dans le cathéter. » UV Germi a du sens de produire en France et de préférence chez lui. « Car la capacité ne peut être que locale, assure le PDG. est situé à 12 kilomètres de l’UV Germi. « , déclare le patron Fabrice Réparat. « Les perspectives sont infinies », assure Willy Fortunato, confiant dans l’avenir de ses rayons UV.
De l’eau potable en Afrique grâce aux UV
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