De retour d’Ukraine, Emmanuel Macron n’a pas manqué de s’arrêter porte de Versailles, vendredi 17 juin, où se tenait le salon VivaTech, le plus grand salon européen dédié à l’innovation. Il faut dire que c’est un peu comme chez soi dans ce concentré de start-up nation. Il y a sept ans, lors du lancement de la première édition à Paris, l’écosystème technologique français et même européen était très peu structuré, et la France ne comptait que 3 licornes, dont Blablacar, Venteprivee et Crite. Aujourd’hui, ils ont 27 ans. Il a déclaré : « Nous essaierons de développer dix géants technologiques en Europe dans les 5 prochaines années et d’augmenter le nombre de nos licornes à 100 d’ici 2030. »
Ces futures licornes européennes étaient-elles présentes parmi les 1 700 startups qui ont présenté leurs innovations sur les 45 000 m2 d’exposition ? L’avenir le montrera. Ce qui est sûr, c’est que nous avons parcouru au hasard des passages de ce VivaTech 2022 – une belle moisson avec 91 000 visiteurs directs et 300 000 visiteurs en ligne – vu le monde de demain. Un monde dans lequel de jeunes pousses tentent de s’imposer, notamment dans le domaine des « technologies vertes », et dans lequel de grands groupes de portée internationale, de Meta à LVMH, avancent déjà dans leurs pions. Visite.
LVMH et le métavers
Comme toujours, le groupe de luxe a pris une place prépondérante dans VivaTech. Avec la première : la présentation de Tite-Live, leur jeune et nouvelle influenceuse virtuelle poivre et sel, dont la première apparition publique a eu lieu lors d’une émission très suivie jeudi matin. Acronyme de LVMH Innovation Virtual Insider, celui qui est désormais le « visage de l’innovation » du groupe, a accueilli le grand patron Bernard Arnault dans sa simplicité dans une métaversion au décor « Barbie » surprenant.
Pour autant qu’elle soit numérique, il faut noter que Livi, modélisée en 3D par Altava (startup finaliste LVMH Innovation LVMH 2021), a habillé les maisons de couture et les maisons de joaillerie du groupe.
Les maisons se précipitent ailleurs sur le web3. Ainsi sur le stand Bulgari on a pu admirer une heure d’une finesse absolue (la plus fine du monde, nous a-t-on dit) avec un QR code gravé qui permet à son propriétaire de parcourir le monde en racontant son histoire. , son design … et traîner avec NFT artistique.
VivaTech est de retour à Paris : parce qu’il n’y a pas que la Silicon Valley…
Le TGV M
Puisqu’elle n’a pas réussi à voyager dans le métaverse, la SNCF nous transportera dès l’été 2024 vers le TGV nouvelle génération et 100% français : TGV M (M pour mobilité). Au stand de la compagnie ferroviaire, le nez de l’engin était exposé afin que l’on puisse admirer son aérodynamisme, permettant, semble-t-il, d’économiser 20% de l’énergie consommée (mais sans augmenter la vitesse). Hyperconnectée pour une « maintenance prédictive » et donc une plus grande sécurité, la machine a une particularité non négligeable : sa modularité. En gros, on peut transformer une voiture de première classe en seconde classe à la demande en fonction du trafic, et donc embarquer plus de personnes en même temps lors de grands départs, et donc… proposer des prix plus bas. Patience.
Urban Canopee
Mention spéciale à la « canicule » pour cette startup du laboratoire des Ponts et Chaussée, qui installe des îlots de verdure au cœur des villes, et sur tous les terrains. Il suffit d’une empreinte de 1m2 au sol pour placer une couronne qui offre 50 m2 d’ombre végétale. Principe : un grand bac avec une réserve d’eau et de substrat, une batterie solaire pour l’autonomie énergétique, une pompe, des capteurs de gouttes et des plantes grimpantes bien sélectionnées qui s’enroulent sur une structure en forme de parapluie, le tout piloté à distance. Elodie Grimoin, co-fondatrice, agro-ingénieur de formation, assure une température perçue de moins 2° à moins 8° après installation. Basée à Noisy-le-Grand, la société emploie déjà 30 personnes.
Ecométrique
Ce sont de petits anneaux qui ne ressemblent pas à grand-chose, mais qui permettent une détermination précise et à long terme (et non dans un seul relevé) des micro-pollutions (pesticides, résidus pharmaceutiques, hormones et autres métaux) dans les eaux des rivières et ruisseaux. « Après 15 jours dans l’eau, le disque est soulevé, démonté et son contenu analysé à l’aide d’un spectromètre de masse. On peut détecter du doliprane 1000 dans la quantité d’eau équivalente à 400 piscines olympiques », explique Mathias Manneron-Gyurits, ingénieur et docteur en sciences de l’environnement de l’université de Limoges, co-fondateur de cette startup prometteuse.
Biopooltech
Au vu des records de température ce week-end à Paris, et du réflexe presque paulinien, tout système d’hydratation ou de refroidissement était prisé au salon (malgré le climat puissant et sans doute pas très « vert »). Nous avons repéré une start-up d’Aixa Biopooltech, spécialisée dans les piscines naturelles et labellisée technologie verte. Fabriqués à partir de bois immergés, ces derniers sont équipés d’un système de filtration biologique qui utilise des bactéries filtrantes protectrices (essentiellement un système qui permet d’avoir le même effet qu’une filtration chimique, sans produits chimiques). Emmanuel Berthod, son fondateur, a fondé son entreprise en 2016 et s’est rendu sur de nombreux salons, de VivaTech au CES de Las Vegas, pour présenter son modèle. Et rempli ses cahiers d’affilée : il revendique aujourd’hui avoir construit 600 piscines et 12 franchisés. Sur le stand de la région Sud, il a présenté un nouveau système de gestion simplifié conçu au sein de sa propre entreprise. Associé à l’application Biopoolconnect, il vous permet de surveiller et d’entretenir votre piscine à distance. Enfin, il envisage de lancer le contrôle de l’intérieur de sa maison sur ce modèle d’ici septembre, capable de contrôler le chauffage, l’évacuation des pollutions et la qualité de l’eau.
Le Biopod d’Interstellar Lab
Non loin de la porte d’entrée de l’exposition, l’installation Interstellar Lab attire le regard. D’abord parce que la maquette de cette mini serre, qui semble flotter dans l’espace, sur un fond étoilé, a de l’attrait, ensuite parce qu’elle occupe une grande surface habitable, et enfin parce qu’une équipe de jeunes vêtus d’une salopette verte en fait la promotion. Tout est surprenant, voire dérangeant. Une grande pancarte mentionnant des partenaires prestigieux – NASA, Dassault Systèmes, Cnes – explique qu’il s’agit d’une innovation destinée « à permettre à la vie de prospérer sur terre et dans l’espace ».
Fondé en 2018 par l’entrepreneuse Barbara Belvisi, le « Insterstellar Lab », basé à Evry sur Seine, a donc conçu une serre de 11 mètres de long, 6 mètres de large et 5 mètres de haut, capable de faire pousser tous types de plantes en aéroponie. « Et pas que des fraises ! explique la fondatrice lorsqu’on l’interroge sur la différence entre sa serre et d’autres innovations du même type, plus mainstream. Au programme donc, fruits de la passion, myrtilles, vanille, le parc malgache (qu’il espère envoyer dans l’espace avec Space X). Bref, des plantes à haute valeur ajoutée pour l’alimentation, mais aussi pour un usage cosmétique ou pharmaceutique. Les premiers pilotes devraient être déployés cette année. À suivre.
Kinetix, la plateforme (française) qui va vous faire danser dans le métavers
Pickwheel
Revenons sur terre avec cette belle innovation conçue pour améliorer le quotidien et l’image des agents de maintenance. Développé par Aissam Moujoud, le Pickwheel est un engin à mi-chemin entre le fauteuil roulant et le Segway qui se conduit entièrement à la jambe et permet à l’utilisateur de rester stable et d’avancer les mains libres. Incubée dans la technopole de Poitiers, la startup a déjà vendu 40 de ses machines à une société de nettoyage marocaine et devrait bientôt équiper des nettoyeurs du Futuroscope.
La pâtisserie numérique
Marine Coré-Baillais, fondatrice de Digital Pâtisserie, veut améliorer la vie des femmes de ménage, mais aussi des confiseurs. Après avoir été directeur général adjoint de Sculpte, leader de l’impression 3D, ce passionné d’informatique s’est ensuite mué en pâtissier, rejoignant même l’équipe de Cédric Grolet au Meurice. C’est là qu’il a eu l’idée de rendre les fonds de tarte moins fastidieux, « un travail à faible valeur ajoutée, mais qui prend beaucoup de temps ». Il lui a fallu deux ans pour mettre au point sa machine, et surtout la qualité de sa pâte (qui remplace en fait le fil d’impression), mais le résultat est là et lui permet de façonner environ 300 tartelettes par jour presque sans effort, surtout dans toutes les formes. ..
H4D
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H4D, pionnier français de la télémédecine, a présenté son dernier et tout nouveau stand de téléconsultations cliniques sur le salon « pour un accès aux soins pour tous, partout ». « Mini CS », modulaire et mobile, intègre plusieurs dispositifs médicaux : thermomètre, oxymètre, tensiomètre, otoscope, dermatoscope, stéthoscope et éventuellement ECG et spiromètre. Sa petite taille est conçue pour répondre aux besoins des entreprises et de la collectivité et vient compléter l’offre de ce spécialiste, présent depuis 2008 sur ce marché équitablement réparti sur tout le territoire.
NepTech
Basée à Aix-en-Provence, la startup NepTech propose la conception de navettes marines ou fluviales modulaires, à propulsion électro-hydrogène. Inspiré par la construction automobile, Tanguy Goez, co-fondateur de la startup, a imaginé une série de 4 navires conçus pour des usages différents – transporter des marchandises ou des passagers – mais basés sur le même châssis. Il assure que ses bateaux sont « zéro émission » et consomment 35% d’énergie en moins que son équivalent sur moteur diesel grâce à sa maîtrise aérodynamique innovante. En attendant de les emmener travailler près de la Seine ou de s’envoler vers les îles de Lérin, on peut toujours admirer ces navires lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris.