Son nom est devenu synonyme de scandale judiciaire. Si l’entreprise française a défrayé la chronique ces derniers mois, cela n’a rien à voir avec notre modèle économique. L’agence chargée d’attirer et d’accompagner nos entreprises exportatrices, est visée par l’information judiciaire pour extrémisme d’utilisation des services d’Havas, sans faire d’appels contractuels, lors de la chère soirée de Las Vegas 2016. : L’actuelle ministre du Travail, Murielle Pénicaud, qui était alors à la tête de l’agence. 1 500 travailleurs, qui ont été accueillis par des terroristes de recherche en juin, ils ont donc attendu avec impatience le remplaçant pour enfin pouvoir avancer. Et c’est finalement Christophe Lecourtier qui a été choisi par l’Elysée. Sa nomination sera officiellement prononcée par l’Elysée dans les prochains jours.
Un tandem public-privé
Le haut fonctionnaire du Trésor de 54 ans rentre chez lui : il a dirigé Ubifrance de 2008 à 2014, peu avant que cette dernière ne rejoigne l’Agence française pour les investissements internationaux, pour donner naissance à une entreprise française. Son apparence convenait aux ministres. Régulièrement dans les cabinets des ministères de droite, dont Christine Lagarde à Bercy, Lecourtier a déjà giflé Emmanuel Moulin, l’actuel directeur de cabinet du ministre des Finances Bruno Le Maire.
Plus tard, comme ambassadeur en Australie jusqu’en avril 2017, il travaille également avec le chef du Quai d’Orsay, Jean-Yves Le Drian, alors à La Défense. Ensemble, ils ont remporté le plus gros contrat militaire français de l’histoire : la vente de douze sous-marins d’une valeur de 35 milliards d’euros, d’ici fin 2016. « Tous ceux qui se sont organisés pour apporter un soutien politique et financier à l’équipe DCNS en sont un bon exemple », a-t-il dit. . Directeur général.
Entreprise française, Lecourtier est épaulée par un nouveau président (non exécutif), Pascal Cagni, ancien vice-président d’Apple Europe et fondateur de C4 Ventures, un fonds de capital, basé à Londres et à Paris. « Je pense que les organisations et le personnel sont satisfaits de la nomination de réservoirs de soutien publics et privés, ce qui est un signe de l’engagement du gouvernement envers l’agence. »
Des résultats insuffisants
Le défi est de taille. Depuis dix ans, les réformes se succèdent sans réel résultat. Avant la naissance de l’Entreprise française, le grand-père Ubifrance avait déjà aspiré les fonctionnaires des anciennes opérations économiques des ambassades, sous le quartier Lecourtier. Et la grande coordination devait voir le jour dans le dispositif de « l’équipe de France export ».
Hélas, le nombre d’entreprises exportatrices – 124 000 en 2016 – stagne. Ils sont encore plus petits qu’au début des années 2000 ! Autant dire que l’objectif, fixé cette semaine par Jean-Yves Le Drian, de la cible des 200 000 semble ambitieux. En termes de déficit commercial, il a atteint 34,4 milliards au premier semestre 2017, un record depuis 2012. Même avec la suppression du pétrole importé (et des ventes d’armes), il continue de croître, passant de 5 à 23 milliards en cinq ans, contre dans un contexte de baisse des parts de marché des entreprises françaises.
« Malgré les réformes, le monde du commerce extérieur est encore très fragmenté, très fragmenté, on ne sait pas quelles entreprises, et surtout des PME », a reconnu Christophe Lecourtier. Plusieurs rapports parlementaires ont critiqué le grand nombre d’acteurs. Les États, où l’État a renforcé son potentiel de développement économique, disposent d’institutions qui soutiennent leurs entreprises. La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) compte également 400 conseillers fonciers dédiés au développement international. Sans oublier les réseaux des CCI à l’étranger, employant 1 100 salariés, 3 800 consultants bénévoles du commerce extérieur et diverses sociétés d’aide à l’exportation.
La menace Bpifrance
Les entreprises françaises sont également concurrencées par Bpifrance. La banque publique doit apporter une expertise financière quand l’entreprise française apporte son expérience du marché. De fait, les initiatives de Bpifrance en matière de communication et d’organisation de salons internationaux violent la fleur de son cousin, moins économe.
Pendant la campagne présidentielle, Bruno Le Maire, alors premier candidat de droite, a imaginé une solution radicale : créer un service unique export sous l’égide de Bpifrance, dans lequel les échanges français seraient plus aisés. L’actuel ministre des Finances a même évoqué la fermeture des branches commerciales françaises de l’Union européenne, dont les services seront assurés par les CCI.
Mais Lecourtier confirme que lui et Cagni n’ont pas été nommés pour jouer pour les représentants de la banque. « D’ici la fin de l’année, mon objectif est de faire le bilan des trois premières années de la fondation et de présenter des propositions d’ambition, de transparence et de système économique. » L’entreprise française, qui facture une partie de ses prestations aux entreprises, va notamment augmenter ses ressources alors que la subvention apportée par l’Etat (100 millions d’euros) est en baisse.