Cet article est extrait de la revue mensuelle Sciences et Avenir – La Recherche n°908, datée d’octobre 2022.
L’homme conçoit des prothèses depuis plus de 3000 ans, comme en témoigne un orteil en bois découvert en 2017 dans une nécropole égyptienne. Cependant, ce n’est que très récemment qu’ils ont commencé à présenter un degré de technicité qui ouvre de nouvelles perspectives. Les plus avancées aujourd’hui sont celles destinées à remplacer les armes perdues à la suite d’accidents ou de maladies.
Reprendre une activité quotidienne
Ces membres, appelés mécatroniques, combinent désormais mécanique et électronique. Avec eux, un patient peut bouger son bras et sa main, saisir des objets et ce, en ne les contrôlant que par la pensée. C’est le cas des prothèses e-OPRA Implant System, développées par la société suédoise Integrum et présentées en 2020 dans un article publié dans le New England Journal of Medicine. Ils sont intégrés à l’humérus du patient et sont contrôlés au moyen d’électrodes implantées sur le biceps et le triceps.
Leur particularité : ils recréent partiellement le sens du toucher grâce à des électrodes reliées au nerf cubital (ou cubital) et au nerf médian, qui renvoient les sensations au cerveau, traduisant les informations de trois capteurs situés sur le pouce de la main bionique. Testés sur quatre patients pendant au moins deux ans, ces bras leur ont permis de reprendre certaines activités quotidiennes complexes, comme réparer une voiture ou skier.
Cette société produit également des prothèses de jambes qui se fixent directement sur le fémur ou le tibia et font actuellement l’objet d’essais cliniques. Reliés aux muscles de la cuisse, ils promettent de rétablir une marche normale. Et ce n’est que le début. Dans un futur proche, ils pourraient bénéficier des avancées des chercheurs suisses de SensArs Neuroprosthetics.