Rushdie : Charlie Hebdo trouve les religieux trop silencieux

AFP Publié le mercredi 17 août 2022 à 21h16

Le journal satirique Charlie Hebdo s’indigne dans son deuxième numéro de l’absence de condamnation des chefs religieux contre l’attentat contre l’écrivain américano-britannique Salman Rushdie, qui s’est retrouvé à la une de l’hebdomadaire.

« Nous avons entendu l’indignation de certains politiciens, mais très peu des autorités religieuses », a écrit Riss, rédacteur en chef et l’un des rares survivants de l’attaque de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, dans son éditorial.

« Les articles de la presse iranienne félicitant l’auteur de cette tentative d’assassinat ne doivent pas occulter le fait que plusieurs chefs religieux sunnites et chefs spirituels d’autres religions ont condamné cet attentat », a-t-il ajouté.

Entre autres, le dessin animé s’étonne du « silence inhabituel du pape François », qui, assis dans un fauteuil roulant, se plaint de son genou.

Les religions ne sont pas les seules critiquées. « Au nom du respect d’un fait religieux, qu’il n’y a aucune raison de placer au-dessus de toutes les autres manifestations de l’esprit humain, nos sociétés, aussi démocratiques soient-elles, donnent l’impression de céder à la moindre revendication d’une religion nature », se lamente Riss.

Sur la première page, un romancier d’origine indienne apparaît dans les rues de New York avec des cicatrices sur le visage et les yeux. « Salman Rushdie va mieux : il se promène enfin incognito ! », a commenté le dessinateur Félix.

Charlie Hebdo s’en prend à ceux qui ont initialement rapporté que les mobiles de l’auteur de l’attaque au couteau du 12 août à Chautauqua (USA) sont inconnus. Le chroniqueur Yann Diener parle de « bêtise volontaire » et de « la passion de l’ignorance ».

« Comment pouvons-nous encore dire de telles bêtises ? Après janvier et novembre 2015, après Nice, après Bruxelles, après Strasbourg, après Manchester, après Samuel Paty, après l’insupportable litanie de massacres et d’exécutions commis dans le monde au nom de l’islam ?  » demande le rédacteur en chef Gérard Biard.

Salman Rushdie a reçu des menaces de mort de la part d’extrémistes islamistes depuis la publication de son roman Les Versets sataniques en 1989, qui a conduit à une fatwa appelant à son assassinat par l’ayatollah iranien Rouholah Khomeiny.

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