Salon « Désir d’enfant »: fécondité cachée et métier d’enfant

Le salon Désir d’enfant ouvrira ses portes les 3 et 4 septembre pour la 3e année consécutive. Les deux éditions précédentes ont créé la polémique autour du GPA que l’événement a promu.

La pratique de la gestation pour autrui est interdite en France, plusieurs associations ont dénoncé la présence d’agences spécialisées dans la « maternité porteuse » et alerté les pouvoirs publics… en vain et malgré la ligne rouge affichée par le garde des sceaux, Eric Dupond-. Moretti. Se réfugiant derrière le caractère « purement informatif et non commercial » de l’événement, ses organisateurs ont démenti promouvoir la gestation pour autrui.

Depuis, en décembre 2021, le président de la République a réaffirmé son opposition à l’autorisation de la gestation pour autrui en France car « elle remet en cause la dignité du corps féminin et sa commercialisation ».

Cette année, la page d’accueil du site précise que « le GPA ne sera pas représenté pour cette édition ».

En effet, aucune des 40 entreprises et associations partenaires annoncées ne propose officiellement le service GPA. Au programme des conférences qui rythmeront les deux jours, rien n’apparaît sur cette pratique.

Sortir de la gestation pour autrui ? Pas tout à fait car 3 séances de dédicace d’une heure chacune seront consacrées à des livres écrits par différents membres de la famille Mennesson. Pour rappel, le couple Mennesson a fait appel, en 2000 en Californie, non seulement à une mère porteuse, mais aussi à une donneuse d’ovules. « Couple emblématique de la GPA en France », il a obtenu, par arrêt de la Cour de cassation d’octobre 2019, la transcription en droit français des actes de naissance des jumelles Fiorella et Valentina. Cette dernière signera Moi, Valentina, née de GPA, samedi, puis ses parents ouvriront le programme de dédicace du dimanche avec Interdits d’enfants, 20 ans après, tandis que Fiorella le clôturera avec Ma famille, le GPA et moi.

Contrairement à l’affiche, l’émission est donc une nouvelle fois le relais d’une pratique illégale sur notre territoire et qui porte gravement atteinte à la dignité des femmes et des enfants.

De plus, l’événement rassemble tout le spectre du marché de la reproduction : traitements pour booster la fertilité, traitements de FIV, expertise médicale, conseils juridiques et soutien psychologique. Il se présente comme une valeur refuge et garantit des « conseils éthiques et médicalement judicieux », soi-disant contre la jungle numérique aux multiples options « peu fiables et risquées ». Toujours la présence d’une banque de gamètes promettant aux futurs clients la possibilité de « choisir parmi la plus grande sélection de donneurs au monde… avec accès aux photos d’enfance, aux enregistrements vocaux et aux résultats des examens de donneurs ». contredit le caractère prétendument éthique des conseils prodigués durant ces deux journées. Cette présence est aussi en désaccord avec la loi française qui interdit le commerce des gamètes.

Derrière les bonnes intentions proclamées pour soutenir et accompagner l’accès à la parentalité, cet événement révèle l’instrumentalisation du « désir d’enfant » par une économie de la reproduction à l’origine d’un « business » qui se compte aujourd’hui en milliards de dollars.

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