La Direction centrale de la police judiciaire, dans un document confidentiel dont le JDD a eu connaissance, décrit en détail l’essor du trafic et de la comptabilité de la drogue dans les villes moyennes. Dijon et sa banlieue sont particulièrement concernés.
Cannabis, cocaïne, héroïne… Comme Marseille, de nombreuses villes moyennes de France semblent avoir été touchées par l’explosion du trafic de drogue dans leurs quartiers. Dijon ne fait pas exception.
Un document de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), obtenu par le Journal du Dimanche, tente d’expliquer le fonctionnement de ce commerce dans les villes de Bourgogne, « notamment Chalon-sur-Saône et Dijon », où il existe une « clientèle pouvant avoir un certain pouvoir d’achat ». Cette note confidentielle précise : « Les bailleurs de fonds des réseaux y ont acquis une organisation commerciale consolidée, ce qui se ressent dans la manière dont ils acquièrent, revendent, emploient, évacuent et réinvestissent leurs bénéfices.
La professionnalisation des entreprises, ressentie dans différents quartiers de la préfecture, comme les Grésilles, Fontaine d’Ouche et Greuze. Il est important de noter que les communes limitrophes – Chenôve et Talant – sont aujourd’hui concernées par cette « Marseilleisation » de l’activité.
Interrogé par l’hebdomadaire, Olivier Caracotch, le procureur de la République de Dijon, a comparé ces nouvelles pratiques au « fordisme » avec « une répartition très définie des rôles et des tâches et du niveau de rémunération ». Il ajoute : « Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des familles qui contrôlent tout le cercle par le blanchiment d’argent, les enlèvements, les menaces, la violence, la facturation, etc. »
Cette explosion du commerce de la drogue s’est accompagnée d’une augmentation de la violence dans le cadre du règlement des comptes. La DCPJ alerte : « Depuis 2017, il y a eu cinq cas d’homicides liés au trafic de drogue dans la ville de Dijon. » En mars 2022, deux inconnus tuent un homme de vingt ans en pleine rue dans le quartier de Greuze. « L’enquête a révélé qu’il s’agissait d’un jeune vendeur occupé par des affaires », révèle le dossier.
Du fait de la diffusion d’images d’attentats sur les réseaux sociaux, la violence est aussi « une véritable arme de persuasion par la peur ». Un exemple donné dans le document de la DCPJ : « A plusieurs reprises, il a même été permis d’apprendre qu’à Dijon des parents de jeunes victimes mineures avaient été achetés sans porter plainte. »
Face à ce boom des gangs de la drogue, des enquêtes et des opérations de harcèlement sont menées au quotidien sur les points de négoce. Selon la préfecture citée dans l’article, 777 opérations anti-drogue en Côte-d’Or au premier semestre 2022 ont permis la saisie de produits et d’espèces d’une valeur de plus de 18 millions d’euros.