Un cosmonaute russe décolle sur une fusée américaine, en pleine guerre en Ukraine

AFP, publié le mercredi 5 octobre 2022 à 23h57

Un cosmonaute russe s’est envolé mercredi vers la Station spatiale internationale depuis les États-Unis à bord d’une fusée SpaceX, une mission particulièrement symbolique au milieu de la guerre en Ukraine.

Anna Kikina, la seule cosmonaute russe actuellement en service actif, fait partie de Crew-5, qui comprend également un Japonais et deux Américaines, dont Nicole Mann, qui est devenue la première Indienne à aller dans l’espace.

Le décollage a eu lieu mercredi midi depuis le Kennedy Space Center en Floride. Il s’agit de la cinquième mission régulière vers la Station spatiale (ISS) effectuée par SpaceX pour le compte de la NASA.

Il y a deux semaines, un Américain s’est envolé vers l’ISS à bord d’une fusée russe Soyouz.

Ce programme d’échange d’astronautes prévu de longue date s’est déroulé malgré de très fortes tensions entre les deux pays depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février. Assurer le fonctionnement de l’ISS est ainsi devenu l’un des rares sujets de coopération entre les États-Unis et la Russie.

Sergei Krikaliov, directeur des vols habités de l’agence spatiale russe Roscosmos, était sur place en Floride dans ce qui ressemblait à une offensive de charme, suite aux propos tonitruants de ses supérieurs ces derniers mois.

Lors d’une conférence de presse post-lancement, il a salué ces vols conjoints comme « une nouvelle phase de coopération », évoquant notamment le vol spatial américano-russe de 1975, alors symbole de la détente de la guerre froide.

Transporter un ressortissant d’un autre pays est une « responsabilité énorme », a déclaré Kathy Lueders, administratrice adjointe de la NASA, lors d’une conférence de presse fin septembre.

Interrogée sur la relation actuelle avec Roscomos, elle a déclaré : « Sur le plan opérationnel, nous avons vraiment apprécié la cohérence de la relation, même pendant une période géopolitique très difficile.

Anna Kikina, 38 ans et ingénieure de formation, devient la cinquième cosmonaute professionnelle russe à se rendre dans l’espace. « J’espère que dans un avenir proche, nous aurons plus de femmes dans le corps des cosmonautes », a-t-elle déclaré à l’AFP en août.

C’est aussi le premier vol spatial des astronautes américains Nicole Mann et Josh Cassada, mais le cinquième pour le japonais Koichi Wakata.

Après un voyage d’une trentaine d’heures, leur navire accostera jeudi en gare, à environ 400 km d’altitude.

Les membres de l’équipage-5 seront rejoints par sept personnes déjà à bord (deux russes, quatre américains et un italien).

Quelques jours de passation de relais avec les quatre membres de l’équipage-4 sont prévus avant qu’ils ne soient renvoyés sur Terre.

L’équipage de Crew-5 doit passer environ cinq mois en orbite et mener plus de 200 expériences scientifiques.

Anna Kikina est la première femme russe à voler dans la fusée Falcon 9, conçue par la société du milliardaire Elon Musk.

Ce dernier est entré lundi dans le débat sur la guerre en Ukraine, demandant à ses followers sur Twitter de voter sur sa proposition pour résoudre le conflit entre Kiev et Moscou. L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne a répondu, toujours sur Twitter, qu’il « foutait ».

Les tensions entre Moscou et Washington ont considérablement augmenté dans le domaine spatial suite à l’annonce de sanctions américaines contre l’industrie aérospatiale russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine.

L’ancien patron de l’agence spatiale russe a ainsi tenu des propos menaçants sur la possible chute de l’ISS si les Russes ne pouvaient plus y participer. Puis cet été, son successeur a déclaré que la Russie abandonnerait l’ISS « après 2024 » au profit de la création de sa propre station orbitale – sans fixer de date précise pour le retrait.

« Nous continuerons à voler (avec) la Station spatiale internationale tant que notre nouvelle infrastructure sera en construction », a déclaré mercredi Sergey Krikaliov de Roscosmos. Mais cette construction n’a pas encore commencé, et selon les experts, elle devrait durer de nombreuses années.

M. Krikaliov a déjà dit lundi qu’il « espère » que son gouvernement acceptera de prolonger la participation sur l’ISS au-delà de 2024.

Les Américains ont annoncé vouloir continuer à travailler jusqu’en 2030.

Dans l’état actuel des choses, l’ISS ne peut fonctionner sans l’un de ses deux segments, l’un américain, l’autre russe. Ce dernier assure un maintien particulier en orbite grâce au système de propulsion.

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