Un cosmonaute russe en route vers l’ISS à bord d’une fusée américaine, en pleine guerre en Ukraine

AFP, publié le mercredi 5 octobre 2022, à 18h27.

Un cosmonaute russe s’est envolé mercredi pour la Station spatiale internationale depuis les Etats-Unis, à bord d’une fusée de la société américaine SpaceX, particulièrement symbolique en pleine guerre en Ukraine.

Anna Kikina, la seule cosmonaute russe actuellement en service actif, fait partie de Crew-5, qui comprend également une Japonaise et deux Américaines, dont Nicole Mann, qui devient la première femme indienne à aller dans l’espace.

Le décollage a eu lieu mercredi midi depuis le Kennedy Space Center en Floride. Il s’agit de la cinquième mission régulière vers la Station spatiale (ISS) menée par SpaceX pour le compte de la NASA.

Il y a deux semaines, un Américain s’est envolé vers l’ISS à bord d’une fusée russe Soyouz.

Ce programme d’échange d’astronautes prévu de longue date a été maintenu malgré les très fortes tensions entre les deux pays depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février. Assurer le fonctionnement de l’ISS est ainsi devenu l’un des rares sujets de coopération entre les États-Unis et la Russie.

Transporter un citoyen d’un autre pays est « une grande responsabilité », a déclaré Kathy Lueders, administratrice associée de la NASA, lors d’une conférence de presse fin septembre.

Interrogée sur la relation actuelle avec l’agence spatiale russe Roscomos, elle a déclaré : « Sur le plan opérationnel, nous avons vraiment apprécié la cohérence de la relation, même dans une période géopolitiquement très difficile.

Le chef de l’ISS de la NASA, Joel Montalbano, a également salué « l’excellent soutien » de Roscosmos pour ces vols conjoints.

Anna Kikina, 38 ans, ingénieure de formation, devient la cinquième cosmonaute professionnelle russe à s’envoler dans l’espace. « J’espère que dans un avenir proche, nous aurons plus de femmes dans le corps des cosmonautes », a-t-elle déclaré à l’AFP en août.

C’est aussi le premier vol spatial des astronautes américains Nicole Mann et Josh Cassada, mais le cinquième du japonais Koichi Wakata.

Après environ 30 heures de voyage, leur navire atterrira jeudi à la station, qui se trouve à environ 400 km d’altitude.

Les membres de l’équipage-5 rejoindront les sept personnes déjà à bord (deux Russes, quatre Américains et un Italien).

Les quatre membres de Crew-4 doivent se rendre pendant quelques jours avant d’être renvoyés sur Terre.

Crew-5 devrait passer environ cinq mois en orbite et mener plus de 200 expériences scientifiques, dont plus de 70 nouvelles à bord du laboratoire volant.

Anna Kikina est la première femme russe à piloter une fusée Falcon 9 conçue par la société du milliardaire Elon Musk.

Lundi, ce dernier est intervenu dans le débat sur la guerre en Ukraine, demandant à ses followers sur Twitter de voter sur sa proposition pour résoudre le conflit entre Kiev et Moscou. Cela signifiait, en particulier, la remise de la Crimée à la Russie. L’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne a tout de même réagi sur Twitter en « va te faire foutre ».

Les tensions entre Moscou et Washington sont montées en flèche dans le domaine spatial suite à l’annonce de sanctions américaines contre l’industrie spatiale russe en réponse à l’invasion de l’Ukraine.

Ainsi, la Russie a annoncé cet été vouloir quitter l’ISS « après 2024 » au profit de la création de sa propre station orbitale – mais n’a pas fixé de date précise pour le retrait.

Le directeur des vols habités à Roscosmos, Sergey Krikaliov, a exprimé lundi son « espoir » que le gouvernement russe accepte de prolonger la participation à l’ISS au-delà de 2024.

Les Américains ont déjà déclaré vouloir exploiter la station d’ici 2030.

Actuellement, l’ISS ne peut fonctionner sans l’un des deux segments qui la composent, l’un américain, l’autre russe. Ce dernier assure principalement la maintenance en orbite grâce au système de propulsion.

Entre 2011 et le premier vol de SpaceX vers l’ISS en 2020, la Russie était la seule à pouvoir y envoyer des astronautes, obligeant la NASA à payer des places à bord de ses fusées. La perte de ce monopole représente un revers majeur pour le programme spatial russe.

L’échange d’astronautes de cette année, qui doit être renouvelé à l’avenir, se déroule sans compensation monétaire.

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