AFP, publié le jeudi 25 août 2022 à 20h48.
Changement climatique ou intimité humaine, guerre en Ukraine, mais aussi en Syrie, au Yémen, au Soudan : le festival international Visa pour l’image a débuté samedi à Perpignan pour « montrer l’actualité mondiale », au-delà des thèmes dominants de l’époque.
Jusqu’au 11 septembre, la 34e édition de ce rendez-vous majeur du photojournalisme propose des expositions, des projections de films et des débats mettant en lumière et expliquant le travail des photographes de presse.
« Malheureusement, le monde continue au-delà de l’Ukraine (…) Des choses qui se passent partout sur la planète, à cause de l’Ukraine, on n’en parle plus. Et on a à coeur de montrer l’actualité du monde dans son ensemble », Jean-François Leroy, fondateur de Visa en 1989 et toujours tenu de ne pas limiter le festival à un seul sujet, « aussi important que possible », a déclaré à l’AFP.
De l’interminable guerre afghane vue par Andrew Quilty de VU, aux insurgés birmans vus par Siegfried Modola, et de l’apocalypse environnementale documentée par Alain Ernoult à l’impact de la pêche industrielle démontré par George Steinmetz, 25 expositions sont au programme.
Comme la pandémie de Covid-19 de l’an dernier, la guerre actuelle en Ukraine – qui défraye la chronique depuis février dernier avec l’attentat contre la Russie, mais « grondait depuis huit ans aux portes de l’Europe », rappelle Jean-François Leroy – ne pouvait manifestement pas être absent de Visa. .
Ainsi, l’exposition photographique de Sergei Supinsky, de l’Agence France-Presse (AFP), documentant la république soviétique, l’indépendance postérieure, la révolution du Maïdan en 2014, la révolution orange, etc., permet de retextualiser le conflit d’aujourd’hui.
Par ailleurs, le festival comptera parmi ses invités Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka, les derniers journalistes à avoir couvert le blocus de Marioupol pour l’Associated Press (AP), et exfiltrés en mars par les médecins de cet hôpital de la ville détruit par les bombardements russes.
« Comme chaque année, il y a plein de coups de cœur : des photographes qui reviennent parce que quand ils font des choses intéressantes, on les accueille (…) et des découvertes », a ajouté la directrice de Visa.
« Sans trêve », la photographe libanaise Tamara Saade a dénoncé avec ses clichés « la négligence et la corruption », sur les origines de l’explosion chimique qui a dévasté des quartiers de Beyrouth en août 2020, et la dépression économique qui a étouffé son pays.
Françoise Huguier se met « Tout en arrière-plan » pour exprimer l’intimité d’un défilé de mode, d’une arrière-boutique coréenne, ou du dernier appartement communautaire de Saint-Pétersbourg.
La complexité et la fragilité humaines sont aussi au cœur des « Chambers of the Mind » de Valerio Bispuri sur le monde invisible de la maladie mentale, ou de la misère américaine « On the Margins » d’Eugene Richards.
La projection de six nuits, qui est la signature de Visa, retrace les événements les plus importants des douze derniers mois.
Des images de l’Ukraine, mais aussi du retour des talibans en Afghanistan, du conflit en Syrie, au Yémen, au Soudan seront ainsi à retrouver, ou à revoir, sur des écrans géants au Campo Santo, site médiéval de symboles à Perpignan. .
Débats, conférences, hommages et rencontres avec les photographes rythment également les journées du festival.
Le travail médiatique pour « désarmer les fake news » sera l’un des thèmes de l’échange, Jean-François Leroy nous invite à ne pas y voir « un clou de plus dans le cercueil +classique+ du photojournalisme, mais plutôt un outil supplémentaire dans l’écosystème de l’information, pour enrichir le message véhiculé par l’image ».
Les prix, récompensant le meilleur reportage de l’année dernière, seront décernés à partir du 31 août, culminant avec Visa d’or News le soir du 3 septembre, qui clôturera la semaine professionnelle.
Après avoir été touchés pendant deux ans par le Covid, Jean-François Leroy et son équipe espèrent « retrouver un festival vraiment normal », ouvert sur le monde et rempli de découverte, d’hospitalité, avant que Visa n’expose également à La Villette, à Paris du Du 16 au 30 septembre.